De la lecture et de la critique de Virginia Woolf

J'ai lu et beaucoup aimé cet ouvrage sorti en mars dernier chez Les Belles Lettres :

Citation :

Jane Austen, Charlotte et Emily Brontë, Katherine Mansfield et Dorothy Richardson osèrent tour à tour entrer en un jardin interdit, afin de cueillir à l’arbre de la connaissance les fruits étranges et brillants de l’art.
Leurs oeuvres offrent, telle la grenade, sous une écorce parfois âpre, une chair douce et succulente emprisonnant en grains transparents la quintessence même de la vie ensoleillée, la substance sublimée de l’expérience.
Les essais réunis en ce recueil attestent qu’outre une grande romancière, Virginia Woolf fut aussi la plus brillante des pamphlétaires et la lectrice idéale de toutes celles qui cherchèrent un autre phrasé plus androgyne que féminin.

"Debout à la fenêtre, le regard plongeant dans le jardin, j'entendais le doux murmure de tous ces livres vivants emplir la pièce."


Pour prolonger la réflexion féministe d'un de ses textes les plus célébrés, Une Chambre à soi, il me semble que la découverte de "De la lecture et de la critique" paru en mars dernier s'impose ! C
Cette édition recense deux essais, écrits à une vingtaine d'années de distance, dans lesquels, l'écrivaine évoque avec le talent et l'exigence qu'on lui connaît les pouvoirs de la lecture et la place des femmes dans la littérature. Ces deux textes sont suivis par pas moins de 25 articles, études et extraits composés par Virginia Woolf tout au long de sa vie et dans lesquels elle convoque des figures aussi importantes que Mary Wollstonecraft, Jane Austen, les Brontë (dans un émouvant pèlerinage littéraire à Haworth notamment), George Eliot, Christina Rossetti, Elizabeth Barrett Browning ou encore son amie Katherine Mansfield pour ne citer que quelques exemples. 
Ses critiques littéraires, extrêmement pertinentes, sont un témoignage de son époque mais ont aussi beaucoup à dire encore sur le travail de critique et de chroniqueur. Son regard aiguisé de femme devenant peu à peu écrivain lui permet aussi de se retourner sur le passé avec lucidité et surtout de toujours garder sa conscience féministe en éveil. 
Cet ouvrage nous rappelle à quel point Virginia Woolf était une lectrice, une critique et une pamphlétaire hors pair. Elle laisse libre cours à ses pensées et à ses réflexions, tout en maîtrisant parfaitement et pleinement son art d'écrivain. Elle s'enthousiasme, s'extasie, fustige, s'indigne. 
Elle nous fait part également de ses expériences au plus proche des textes et se fait la conteuse d'un merveilleux cheminement, entre le livre, la lecture et le paysage autour d'elle. Même jusque dans ses essais et critiques, elle s'autorise une licence poétique et le résultat est pour le moins captivant à suivre.

Une lecture évidemment un peu exigeante mais tellement enrichissante !

Il me tente énormément en particulier son portrait au vitriol de la pauvre de la pauvre Margaret Cavendish