Autour d'Au Bonheur des Dames

En parallèle de la lecture de groupe, je vous propose dans ce topic de poster tout ce qui a trait au roman de Zola et à son univers : articles, videos, illustrations, photos, anecdotes ... Le but est de faire un petit pot pourri à partir de tous les documents, objets etc. qui ont pu attirer votre attention !

Je commence par une photo d'une couverture / jaquette brodée par la très talentueuse artiste Olympia Le-Tan :



J'en veux un !

http://www.olympialetan.com/

Chouette idée de topic, Emjy !

Je suis tombée par hasard l'autre jour sur un article sur Le Bon Marché, le magasin dont s'est inspiré Zola pour écrire Au bonheur... Je n'ai pas réussi à retrouver l'article en ligne, mais son auteur évoquait le couple à l'origine de la création et de la modernisation de ce magasin, ainsi que le fait que Zola s'était adressé à l'épouse devenue veuve du propriétaire pour rédiger son livre.

Manifestement, la jeune femme en question, d'origine modeste, avait des idées larges et progressistes, et son mari était un visionnaire.

Les personnages d'Octave et de Denise leur doivent beaucoup.

On en apprend un peu plus sur Wikipédia (l'article m'a paru fiable) :

Ce que tu dis, Popila, me fait penser que j'ai été voir la petite expo sur l'histoire du Bon Marché qui se tenait au dernier étage du grand magasin il y a quelques semaines. C'est une petite rétrospective qui fête les 160 ans d'innovations de ce temple de la mode avec une chronologie, une biographie et quelques portraits du couple Boucicaut. Des illustrés et publicités d'époque sont exposés et on peut aussi découvrir quelques images d'archives.


Aristide et Marguerite Boucicaut :

Je me demandais si la lecture de La maison du chat qui pelote, de Balzac, pourrait accompagner la lecture du Bonheur. Après tout, ne s'agit-il pas d'une boutique "à la Baudu", datant d'une génération avant Mouret ?

Akina, je ne peux que te recommander La Maison du chat qui pelote! Effectivement, la boutique de Monsieur Guillaume est semblable à celle de Baudu, d'avant l'essor des grands magasins...

Le début peut être assez "laborieux", avec la description de la petite boutique mais ensuite, je me suis laissée emportée par le récit. C'est souvent le cas quand je lis du Balzac: je m'accroche aux premières lignes et ensuite, une fois passée cette mise en place du récit, je ne pédale plus dans la choucroute. Parce que bon, parfois les descriptions de Balzac me font penser à ce plat: consistantes, chargées en détails...

En fait, je trouve que La Maison du chat qui pelote est un anti Au Bonheur des Dames: le roman de Balzac commence comme un conte de fées: il était une fois la fille d'un drapier prénommée Augustine qui un jour, alors qu'elle se trouve à sa fenêtre rencontre un peintre joli minois, joli coeur, Théodore qui en tombe éperdument amoureux...mais chez Balzac, une jeune fille issue de la bourgeoisie et un peintre de noble extraction ne font pas longtemps bon ménage...

En ce qui concerne Le Bon Marché qui a inspiré le Bonheur, il existe une docu-fiction très intéressante à ce sujet: Au Bonheur des dames, l’invention du grand magasin

Pertinent car sans parti pris: l'implantation puis le développement de ces grands magasins (Le Bon Marché, Le Printemps...) ont eu des répercutions à la fois positives et négatives: positives car ils procuraient du travail, notamment aux femmes: l'époque est dure, cruelle pour les jeunes femmes issues des milieux modestes: exploitées en usines, bien souvent obligées de monnayer leurs charmes pour survivre (d'où le mythe de la grisette...), Le Bon Marché leur offrait un travail certes éreintant moralement et physiquement, précaire mais les aidait en leur évitant de se retrouver à la rue (les vendeuses vivant dans des logements du Bon Marché). Répercutions négatives puisque ces "magasinophages" ont littéralement tué les petites boutiques...comme quoi, cette problématique ne date pas de notre époque! ^^

J'ai également été surprise d'apprendre qu'Aristide Boucicault fut l'un des tous premiers patrons à avoir inventé le principe diablement tentateur des soldes, du prêt-à-porter (qui faisait frémir d'horreur les nobles dames...) et tant d'autres choses que nous connaissons bien: la réclame, la vente par correspondance...et des avantages sociaux pour les employés avec l'instauration du dimanche chômé! Et puis, j'ai aussi appris que ce pauvre Aristide n'avait pas pu pleinement profiter de son succès...après sa mort, c'est sa femme qui a repris les commandes du Bon Marché et qui l'a mené d'une main de maître. Il me plaît à penser que Zola avait imaginé une destinée semblable à Denise: j'aurais adoré la voir reprendre les rênes du Bonheur après la mort de ce détestable Octave Mouret!

Bon, ben, j'ai très envie de lire La Maison du chat qui pelote maintenant !

@ Seirên : J'ai vu le docu-fiction dont tu parles. Il se regarde presque comme un film tellement il est passionnant. D'ailleurs, pour ceux que ça intéresse, il est sorti en DVD chez Arte Editions.

Citation :

Il me plaît à penser que Zola avait imaginé une destinée semblable à Denise: j'aurais adoré la voir reprendre les rênes du Bonheur après la mort de ce détestable Octave Mouret!

Détestable ? A ce point ?

Oui, j'ai une dent contre ce personnage! Lorsque la lecture d'Au Bonheur des Dames a été proposée, j'étais en train de lire Pot-Bouille mettant en scène le jeune Octave débarquant de sa Provence natale pour conquérir Paris, du coup, j'ai commencé ma lecture en ayant connaissance de l'animal Mouret et je dois dire que mon opinion sur Octave n'a que peu évolué de Pot-Bouille au Bonheur des Dames: il a simplement gagné en âge, en opulence et en moustache mais pas en maturité et en respect (notamment envers les femmes...) mais je compte revenir sur Mouret dès que j'aurais un peu plus de temps pour parcourir le sujet sur le roman en lui-même.

En tout cas, je vous recommande également Pot-Bouille: déjà pour voir Octave dans ses débuts de jeune loup aux dents longues et pour cette galerie de personnages caricaturaux certes, mais savoureux dans leur fausse moralité. Le récit se construit entièrement autour d'un coquet immeuble parisien et met en lumière les gros travers des différents occupants des lieux: des bourgeois englués dans leur fausse moralité: Mne Josserand, une madame Bennet à "la française" qui veut à tout prix marier ses filles, M.Campardon qui défend la vertu tout en trompant sa femme avec sa cousine, Mne Vabre qui se jette sur tout ce qui porte pantalon...De plus, il y a des scènes que je trouve terriblement drôles tant le trait en est forcé: rien que pour la cérémonie de mariage à l'église et la descente des escaliers de Berthe en déshabillé, ce roman mérite qu'on s'y attarde, vous passerez un bon moment. ^^

Je trouve que Mouret a des défauts évidents (l'arrogance, notamment) mais il est aussi très charismatique, en tant que personnage littéraire. Et je ne peux pas m'empêcher de le trouver émouvant dans la 2ème partie d' Au Bonheur des dames.
Par contre, je n'ai pas lu Pot-Bouille. Ce n'est pas l'envie qui m'en manque pourtant ...
Enfin, on aura l'occasion de discuter plus longuement du personnage dans le topic de la lecture de groupe

Et sinon, vous saviez que l'acteur Gérard Philippe avait incarné Mouret au cinéma ? Pas dans une adaptation d'Au Bonheur des dames, mais de Pot Bouille justement

Quelques photos :










Qu'en pensez-vous ??

Il était tout jeune !!!

Merci pour la référence, Summerday ! Cet ouvrage m'a l'air tout à fait intéressant ! J'essaierai de le feuilleter à l'occasion

@ Emjy : Merci pour toutes ces informations, c'est très enrichissant !

@ Emjy et Seirên : je trouve votre débat très intéressant ; croyez-vous qu'il vaille la peine d'ouvrir un sujet à part sur ce personnage ?

@ Seirên : effectivement, Pot-Bouille donne à voir un Octave Mouret sans doute moins reluisant et séduisant. Ce roman m'avait beaucoup fait rire à la lecture, même si certaines scènes sont assez terribles. Il y a beaucouo d'humour noir, en fait. ^^

@ Summerday : Je viens de tomber amoureuse de la couverture de ce livre.

@Summerday: ce livre a l'air magnifique...

Popila a écrit:

@ Emjy et Seirên : je trouve votre débat très intéressant ; croyez-vous qu'il vaille la peine d'ouvrir un sujet à part sur ce personnage ?

Oui, un topic sur ce cher Octave Mouret serait une bonne idée en effet ! Je veux bien l'ouvrir à moins que quelqu'un d'autre souhaite s'en charger ?

J'ai lu aujourd'hui deux titres qui m'ont fait penser au Bonheur des dames, chacun très différent.
Au bonheur des ogres est très clairement une référence à l'ouvrage de Zola (et pas que part son titre). On entre dans la vie d'un grand magasin, type BHV, et on y suit son "Bouc Emissaire" au milieu d'une vague d'attentats.
Et César Birotteau se passe à la génération précédant celle de Mouret, chez un parfumeur. SI Birotteau est l'anti Mouret, son premier commis, Popinot n'est pas sans point communs avec le patron du Bonheur. Il a déjà compris l'importance de la réclame et gère bien sa boutique...

Akina a écrit:

Au bonheur des ogres est très clairement une référence à l'ouvrage de Zola (et pas que part son titre). On entre dans la vie d'un grand magasin, type BHV, et on y suit son "Bouc Emissaire" au milieu d'une vague d'attentats.

Tiens, c'est vrai ! J'avais lu les 1ères pages ; il serait peut-être temps que j'aille jusqu'au bout.

Citation :

Et César Birotteau se passe à la génération précédant celle de Mouret, chez un parfumeur. SI Birotteau est l'anti Mouret, son premier commis, Popinot n'est pas sans point communs avec le patron du Bonheur. Il a déjà compris l'importance de la réclame et gère bien sa boutique...

Je n'ai qu'un souvenir vague de ce roman, mais je l'avais trouvé assez abouti.