Adeline Mowbray d'Amelia Opie

Décidément, on peut dire que les éditions Archipoche gâtent les amateurs de Jane Austen et de romancières anglaises ! La traduction d'un roman d'une certaine Amelia Opie (1769-1853) vient de sortir :

Citation :

Adeline Mowbray a été élevée à Rosevalley par une mère célibataire, indépendante d'esprit, habituée à vivre selon son caprice. Nourrie des penseurs de la Révolution française, la jeune fille s'éprend de Frederick Glenmurray, auteur d'un virulent traité contre l'institution du mariage, et décide de le rejoindre afin de devenir sa maîtresse. Mais est-il aussi simple d'accorder ses idées et ses sentiments ?
Adeline Mowbray se ressent des débats de l'époque sur l'éducation des enfants, la débauche masculine et la sexualité féminine hors mariage. Mêlant satire et sentiments, Amelia Opie explore les relations mère-fille, et aborde avec franchise la question morale du désir des femmes.

Ce roman a été oublié 9 ans avant Orgueil & Préjugés. Amélia Opie étant une contemporaine de Jane Austen, il est tout à fait probable que cette dernière ait lu son oeuvre.
Née en 1769 à Norwich, Amelia Opie reçoit de son père, médecin, une éducation avancée. Elle a fréquenté les penseurs activistes de son temps et s'est mise à écrire dès l'âge de 15 ans. Elle a publié régulièrement des romans et des poèmes.
Adeline Mowbray se situe apparemment entre le roman d'amour, la comédie de moeurs et le pamphlet philosophique. Il traite de thèmes aussi riches et variés que l'amour libre, la filiation, la rivalité mère-fille et étonne par sa modernité ...
Selon l'éditeur, le roman est aussi "une libre évocation du destin de Mary Shelley, l'auteur de Frankenstein, ainsi qu'une défense de Mary Wollstonecraft, sa mère, l'une des pionnières du féminisme (dont Amelia Opie était très proche)"

Je suis très intriguée par ce roman et espère le découvrir bientôt. Et vous, qu'en dites-vous ?

Cela m'intrigue aussi beaucoup.
Ce que l'éditeur dit du roman me fait plus penser à un roman du XVIIIème qu'à un roman du XIXème, où les moeurs étaient plus strictes et où la morale publique était plus pudibonde.
Je me demande bien ce que ça peut donner...

Moi aussi j'ai bien envie de découvrir ce livre!

Tu m'as donné envie de le lire, je l'ajoute aussitôt sur ma PAL !

Le résumé que tu as posté est très intéressant, tout comme l'allusion à Mary Shelley.
Du coup, je l'ajoute moi aussi à ma PàL

J'ai terminé ce roman, et j'avoue ne pas avoir été transportée plus que ça...
C'est un roman plutôt agréable à lire, car l'écriture est assez fluide. En ce qui concerne son contenu, il est clair qu'il est empreint d'une certaine modernité, notamment en ce qui concerne les opinions exposées au sujet de la condition féminine, du mariage, etc...
Certains passages sont très ironiques et prêtent à sourire. Cependant, d'autres scènes sont écrites dans un style assez grandiloquent (est-ce la faute de la traduction, ou est-ce dû au style de l'époque?).
J'ai eu beaucoup de mal à "m'identifier" au personnage d'Adeline, que je ne trouve pas très sympathique, mais bon, c'est très subjectif...
Et, pour finir, le discours est finalement très moralisateur, ce qui, bien entendu, est normal pour un roman publié à cette époque.

L'éditeur a cru bon de mettre en valeur le fait que ce roman ait été écrit à l'époque de Jane Austen pour attirer le chaland, mais franchement, relisez plutôt un de ces romans! Car celui-ci a pour moi plus une valeur de document pour voir un peu ce qui s'écrivait à cette époque.

Ah zut, l'intrigue n'est pas plus prenante que ça ? Ceci dit, ce que tu écris ne m'étonne pas. Ce roman est sans doute, comme tu le dis, plus intéressant comme "document littéraire" qu'autre chose. Je me dis aussi que si elle n'est pas passée à la postérité, c'est qu'il y a peut-être une raison ... Je le lirai par curiosité mais je vais essayer de ne pas en attendre trop.

Sinon, si tu ne l'as pas déjà lu (je ne me souviens plus), je te conseille vraiment Evelina de Fanny Burney. Ce roman n'est certes pas aussi brillant que ceux de Jane Austen mais on sent tout de même l'influence que cet auteur a eu sur elle et c'est toujours intéressant de découvrir un écrivain que Jane a lu et apprécié.

Et il y a un auteur féminin de l'époque que j'aimerais beaucoup découvrir : Maria Edgeworth. J'ai deux romans d'elle dans ma PAL : Helen et Patronage.

Oh, il y a des rebondissements dans l'intrigue... Mais ça ne m'a pas emballée plus que ça... Après, ça vient peut être de mon état d'esprit du moment.
J'espère que tu le liras bientôt, j'aimerais beaucoup avoir ton avis!

J'essaierai de le lire le mois prochain

Merci pour ton avis Miss Virginia ! C'est dommage si ce roman n'est pas top, j'avais envie de le lire mais du coup je suis refroidie...

@sandie: tu devrais quand même le lire, tu apprécierais peut-être plus que moi.

J'ai enfin lu ce roman et j'ai bien aimé ! Je le trouve très intéressant pour le contexte (contemporain de Jane Austen mais assez différent dans le style et l'intrigue) et le propos : la défense de la vie en concubinage à cette époque, même si ça tourne mal pour l'héroïne, c'est assez novateur ! Même si la morale reste assez conventionnelle avec les idées de l'époque, je trouve qu'il y a un certain plaidoyer pour la condition féminine qui rend la lecture d'Adeline Mowbray assez intéressante.
La lecture est plaisante, notamment grâce aux pointes d'humour et à une critique assez sévère de l'hypocrisie de la société de l'époque : par exemple, dans un passage on voit Adeline méprisée de tous car elle vit ouvertement en concubinage et deux autres jeunes femmes bien vues en société et appréciées alors qu'elles cachent toutes deux une liaison extra-conjugale ! Cependant, je trouve que contrairement aux romans de Jane Austen (pour continuer la comparaison mise en avant par l'éditeur dans le bandeau), le style d'Amelia Opie a un peu vieilli : on peut ainsi être parfois agacé de voir combien les femmes pleurent ou s'évanouissent à la moindre contrariété et il y a parfois des élans lyriques un peu exagérés (mais qui sont à replacer dans le contexte).
Par ailleurs, j'ai souvent vu ce roman mis en avant comme une libre évocation de la vie de Mary Wollstonecraft et de sa fille, Mary Shelley, et je tiens un peu à corriger le tir : si on peut certes supposer légitimement le parallèle avec la vie de la première, dans le cas de la seconde c'est complètement hors de propos car Mary Shelley avait 6 ans à la parution d'Adeline Mowbray !!!

Merci pour ton avis, Sandie ! J'ai ce roman dans ma PAL depuis des lustres, j'essaierai au moins de l'en sortir cet été.
Le sujet m'intéresse énormément. En ce qui concerne le stylo, je suis prévenue, c'est déjà ça

@ Emjy : je suis contente que mon avis t'ait donné envie de le lire, j'attends le tien avec impatience (même si ce n'est pas pour tout de suite)

Ca m'a aussi donné envie !

Ma lecture de The Romantic Poets and their circle m'a donné envie d'exhumer de ma PAL Adeline Mowbray d'Amelia Opie.

Des les premières pages, j'ai été saisie par l'humour mordant d'Amelia Opie.
Edith Mowbray aime à se considérer comme une femme savante et est d'ailleurs qualifiée de génie par sa famille. Toujours plongée dans ses livres, elle rédige un traité d'éducation pour éclairer les autres, tout en négligeant l'éducation de sa propre fille. Adeline va toutefois découvrir par elle-même les traités de philosophie et de politique notamment ceux d'un certain Glenmurray qui remet en cause l'institution du mariage. Sauf qu'au lieu de vivre seulement en théorie, comme sa mère, Adeline va décider de mettre ces idées nouvelles en pratique à la plus grande consternation de sa mère.

Alors surtout ne vous fiez pas à la mention de Jane Austen sur la couverture car l'ouvrage est quand même bien différent et il ne faut surtout pas le lire avec une préconception austenienne. Je dirai que celui dont il est le plus proche est Mansfield Park. Mais il reste quand même extrêmement différent.

Sous des aspects moralisants notamment dans sa deuxième moitié (mais comment aurait-il pu être publié autrement ?), j'ai été très impressionnée par certains aspects très modernes de ce roman. La première partie est très intéressante au niveau de l'éducation et des savoirs. On y évoque les idées des Lumières mais aussi une certaine hypocrisie de certains qui rédigent des théories mais ne les mettent pas en pratique.
Il y a aussi toute une panoplie d'aspects sur la condition féminine et sur les critiques que peuvent émettre les femmes vis à vis d'autres femmes. Une femme qui tente d'être libre est une femme perdue et vue comme tel par tout le monde.
Il y a aussi des passages en rapport avec les colonies. Amelia Opie met en scène des anciens esclaves et, si elle n'échappe pas à quelques stéréotypes du bon sauvage, en fait quand même des personnages positifs, ce qui n'est quand même pas courant dans la littérature anglaise du début du XIXe (pour la petite histoire elle deviendra militante abolitionniste).
Si la fin un peu trop tire-larme (mais avec un côté très dickensien avec des gens qui se rencontrent tous un peu par hasard et des amis perdus qui se retrouvent) est révélatrice des goûts de son époque, j'ai vraiment été séduite par certains aspects et il y a beaucoup de thématiques qui seraient très intéressantes à étudier.

Si j'ai souvent critiqué Archipoche pour ses traductions datées des grands classiques, je ne peux que les remercier d'avoir publié ce texte, tombé dans l'oubli même en Angleterre alors que franchement il mériterait d'être l'objet d'une analyse littéraire poussée.

J'ai eu un léger doute mais j'ai vérifié: ouf, il est dans ma PAL 

Ce que tu dis de l'humour et de l'évocation de la condition féminine m'intriguent particulièrement.