Lecture Commune: The Portrait of a Lady d'Henry James.

Bonjour tout le monde!

Depuis quelques temps, le roman The Portrait of a Lady d'Henry James traîne dans ma PAL. Et comme Shelbylee l'a mentionné dans le topic au sujet de l'auteur, cette année marque le centième anniversaire de sa mort.

Pour célébrer ça, je vous propose une LC autour du livre! Est-ce que fin Février/début Mars vous conviendrait?

Je pense que le 28 février pour le centenaire de sa mort est une bonne date !
Evidemment, comme je te l'ai dit, j'en suis

Oh, je n'étais pas du tout au courant pour cette LC Je me joins volontiers à vous, ça fait quelques temps que j'ai envie de découvrir ce roman !
Fin février me convient, j'espère que j'aurais fini tous les livres que j'ai sur le feu en ce moment...

Tu n'as rien à te reprocher, nous en avons seulement parlé hier sur le topic Henry James

Super, sandie et Shelbylee!
Oui sandie, ne t'inquiètes pas, on vient juste d'ouvrir le topic!

Je vais bientôt m'y mettre

J'ai presque fini d'écrire mon avis, il arrivera dans la journée.

Oulà, je suis en retard moi Je le commence demain.

Bon du coup, je ne donne pas mon avis tout de suite, pour ne pas t'influencer

Je finis ma chronique sur le blog, je le posterai dans la journée, mais comme Shelbylee je ne le posterai pas ici tout de suite pour ne pas t'influencer

Oh tu peux, j'attendrais seulement d'avoir fini le livre pour le lire

Je me joins à vous également!

C'est bon, je l'ai fini. Comment fait-on pour livrer nos impressions ? On donne son avis "en vrac" ou il y a une liste de questions pour orienter le débat ?
Je vous préviens, j'ai plein de questions à vous poser sur ce livre pour voir si vous pensez la même chose que moi ou pas

Vas-y si tu as des questions

Ok, je me lance alors !

La question qui me taraude le plus est : qu'avez-vous pensé de la fin ?
Personnellement, j'ai été hyper frustrée par cette fin (au point que j'en aurais presque jeté le livre à travers mon salon ) : Isabel se rend compte que son mari est un affreux salaud et qu'il s'est moquée d'elle depuis le début, ses proches lui confirment son ressenti et elle, elle retourne chez lui ???? Enfin, James ne le dit pas clairement mais je ne vois que deux raisons qui justifient qu'elle aille en Italie : soit elle retourne chez Osmond, soit elle va chercher Pansy dans son couvent et la ramène en Angleterre pour refaire sa vie loin d'Osmond. J'aurais envie que ce soit la seconde possibilité, mais connaissant un peu Henry James j'ai peur que ce soit plutôt la première...

Sinon, j'ai trouvé que le duo Osmond-Mrs Merle rappelait furieusement le duo Valmont-Merteuil des Liaisons dangereuses... Isabel pourrait aussi faire une nouvelle Cécile de Volanges. Vous avez aussi eu cette impression ?

La fin ouverte est la grande spécialité de James, c'est pour cela que je l'aime parce qu'on ne sait pas vraiment ce qu'il pense.
Je préfère penser que Isabel va rechercher Pansy, mais c'est clair qu'on peut penser qu'elle retourne auprès d'Osmond. Je pense qu'elle s'en veut vraiment d'avoir fait une erreur de jugement, mais quelque part, c'est son erreur et elle veut l'assumer jusqu'au bout. Il y a définitif un côté masochiste chez Isabel.

En général James ne se prononce pas sur la fin de ses livres donc on ne peut pas vraiment savoir ce qu'il pense. J'ai lu pas mal d'interprétations après avoir fini le livre et à aucun moment on n'évoque ce que James a voulu dire.

J'ai aussi pensé aux Liaisons dangereuses pour le couple manipulateur. J'ai quand même fini par avoir pitié de Serena et toi ?

Au début, je n'aimais pas vraiment Serena car je la trouvais trop manipulatrice et intriguante, sans parler du double-jeu qu'elle joue avec Isabel (faire semblant d'être son amie alors qu'en coulisse, elle la pousse dans les bras d'Osmond pour s'amuser). Mais les révélations finales sur le fait qu'elle est la véritable mère de Pansy, qu'elle a été obligée de l'abandonner à Osmond et qu'elle n'a quasiment aucun droit de regard sur son éducation et sa vie m'ont fait éprouver de la pitié pour elle.
On arrive à mieux comprendre pourquoi elle est aussi cynique et pourquoi elle a cette attitude envers Isabel (une volonté de partager son malheur avec quelqu'un autre, en faisant d'Isabel une nouvelle victime d'Osmond), mais je garde quand même un arrière-goût de mépris pour Serena.

Et qu'as-tu pensé de Caspar Goodwood ?

Je suis tout à fait d'accord pour le côté "Liaisons dangereuses", j'ai tout à fait eu cette impression envers ce duo.

Je suis désolée de ne pas avoir préparé des questions, j'aurais pu y penser

AnGee a écrit:

Je suis désolée de ne pas avoir préparé des questions, j'aurais pu y penser

Il n'y a pas de soucis, c'est sympa aussi d'échanger librement nos impressions. En plus, ce livre me semble suffisamment complexe et intriguant pour que des questions surgissent naturellement.

Caspar Goodwood m'a déçue. Si au début on a un peu pitié de lui, son côté carpette m’a profondément fatiguée à la fin.

Je mets l'avais que j'ai posté sur mon blog

Citation :

Je n’ai pas encore beaucoup lu Henry James (seulement Les papiers de Jeffrey Aspern, Le tour d’écrou, Daisy Miller et Washington Square), mais à chaque fois j’ai été séduite. Ce que j’aime chez Henry James (et que souvent les gens n’aiment pas), c’est la façon dont il joue sur notre frustration, sur notre incertitude et surtout combien peut s’interroger après avoir lu l’un de ses livres et ne pas avoir du tout la même perception des événements qu’un autre lecteur (voir mon billet sur Le tour d’écrou). Je dois dire que Portrait de femme ne fait pas exception à la règle.
J’ai mis beaucoup de temps à lire ce livre (presque deux ans) non pas parce qu’il ne me plaisait pas, mais parce que je l’ai commencé à des moments où je n’avais pas forcément beaucoup de temps pour lire et je n’aime pas laisser traîner mes lectures. De plus, je ne pouvais pas vraiment l’emmener partout avec moi car il est quand même assez encombrant. J’ai donc lu trois fois les 100 premières pages et je dois dire que je ne me suis jamais lassée de les relire. Je sais que certains trouvent le style de James difficile, personnellement je trouve que ses phrases glissent toutes seules.
Portrait de femme raconte le parcours d’Isabel Archer. Jeune américaine, elle est invitée par sa tante en Angleterre. Isabel, éprise de liberté et ravie de se voir donner une chance de visiter le monde, accepte avec enthousiasme.
À son arrivée en Angleterre, elle charme tous les hommes qu’elle rencontre : son oncle mourant, son cousin maladif et leur voisin Lord Warburton. À tel point que celui-ci lui demande de l’épouser. Isabel refuse car elle ne l’aime pas et elle espère autre chose de l’avenir, sans savoir précisément quoi. Un de ses soupirants américains, Caspar Goodwood, fait la traversée pour venir lui aussi lui demander sa main. Elle refuse de même.
Isabel n’est pas forcément le personnage le plus facile à comprendre mais je l’ai beaucoup aimée. Intelligente, elle espère faire quelque chose de sa vie et surtout être libre. Elle ne veut pas dépendre d’un homme et ne veut pas épouser quelqu’un qu’elle n’aime pas. Elle va se retrouver indépendante financièrement et ainsi pouvoir choisir sa destinée. Je pense ne pas trop révéler de l’intrigue en disant qu’elle va faire un mauvais choix. Ce sont les raisons de ce choix qui sont intéressantes et qui peuvent être perçues de manières différentes. Isabel aurait-elle fait le même choix si elle n’avait pas eu d’argent ? Est-ce l’argent qui a fait son malheur ? Ou bien est-ce son orgueil ? Ou le fait qu’elle soit persuadée d’avoir des motifs purs et d’avoir raison ? Est-elle vraiment responsable ou est que ce sont les autres personnages qui l’y ont poussée ? Sa fidélité à ses idéaux force-t-elle l’admiration ou bien n’est-ce qu’un stupide entêtement ?
Le livre s’appelle Portrait de femme mais il aurait très bien pu s’appeler Portraits de femmes tellement les autres personnages féminins sont intéressants. Je pense tout d’abord la tante d’Isabel, Mrs Touchett qui est entièrement indépendante bien que mariée. Elle ne fait que ce qu’elle désire et passe la majorité de son temps éloignée de son mari et de son fils.
Serena Merle est aussi un autre personnage fascinant. Elle veut donner aux autres l’impression d’être parfaite même si on sait dès le départ qu’elle est une intrigante. Malgré tout le mal qu’elle fait, on ne peut pas s’empêcher d’avoir pitié d’elle quand la révélation finale tombe.
Henrietta Stackpole, la journaliste et amie d’Isabel est aussi une femme libre de par son métier. Elle trouve d’ailleurs que les Anglais sont bien ennuyeux avec toutes leurs règles de bienséance et jure qu’elle n’en épousera jamais, même si elle devient très amie avec un gentleman.
Pansy Osmond est aussi un personnage très intéressant bien qu’à l’inverse de toutes les autres femmes précédentes. Élevé dans un couvent, elle n’a pour but que d’obéir à son père et de satisfaire les désirs des autres. On peut d’ailleurs se demander si cela la rend plus heureuse ou malheureuse que les autres.
Sa tante, la comtesse Gemini est elle aussi une femme à part. Sa réputation sulfureuse fait d’elle une paria de la bonne société. Son égoïsme fait qu’elle ne prévient pas Isabel de ce qu’elle risque.
Face à tous ces beaux portraits de femmes, je trouve que les hommes sont un tout petit peu en reste, ce qui fait que je ne lui ai pas donné la note de cinq sur cinq.
En relisant la première partie, j’ai trouvé que les caractéristiques traditionnelles des hommes et des femmes de l’époque étaient inversées. Ainsi, on commence livre avec une cérémonie du thé savourée par des hommes qui sont souffreteux et qui échange des commérages alors que débarquent les indépendantes et très actives Isabel et Mrs Touchett.
Ralph, le cousin d’Isabel est le personnage masculin le plus intéressant. Quasi omniscient, il prédit presque tout ce qu’il tout ce qu’il va se passer à une seule exception qui sera sa plus grosse erreur.
Lord Warburton, président prétendant Isabel, est lui aussi a été assez touchant par son attachement aveugle et en même temps sa présence amicale.
Par contre, Osmond m’a un peu déçue. Je trouve qu’on n’arrive pas vraiment à le saisir, qu’il n’est pas assez consistant et qui n’est pas assez présent dans le livre pour qu’on puisse le détester comme on le devrait.
Mais celui qui ne m’a vraiment pas plu est Caspar Goodwood. Si au début on a un peu pitié de lui, son côté carpette m’a profondément fatiguée à la fin.
Fidèle à son habitude de nous frustrer, Henry James termine le livre en nous disant où Isabel va mais pas ce qu’elle va y faire, ce qui peut être sujet à de nombreuses interprétations.
Je compte voir bientôt l’adaptation avec Nicole Kidman, je pense que je rajouterai un petit mot sur ce billet quand je l’aurai vue.
Julie Wolkenstein a écrit un roman qui s’inspire des personnages de Portrait de femme. Je vais enfin pouvoir le sortir de ma PAL.

Ton avis est très intéressant, surtout le passage sur l'inversion des rôles hommes / femmes : je n'y avais pas prêté attention mais c'est vrai que c'est un aspect curieux et intéressant du roman.

Concernant Caspar Goodwood, je suis complètement de ton avis : dès le début, je l'ai trouvé un peu faible par rapport aux autres hommes de la vie d'Isabel. Sa tendance a réapparaître de temps en temps dans l'intrigue pour se jeter aux pieds d'Isabel et implorer qu'elle l'aime de nouveau m'a rapidement exaspérée : il y a des moments où je l'aurais bien secoué pour qu'il se réveille un peu et passe à autre chose
L'autre personnage qui m'a autant déplu est Pansy : certes, on peut trouver triste que toute sa vie soit dictée et imposée par son père mais je la trouve vraiment très insignifiante et puérile. Au début, j'ai cru que c'était une petite fille de 5 ou 6 ans : quand on apprend qu'elle en a en fait 10 de plus, j'ai halluciné car j'avais du mal à croire qu'on puisse être si passive et infantile à cet âge !

Je partage votre point de vue sur Caspar Goodwood: il n'évolue pas du début à la fin, c'est vraiment un peu agaçant. Le côté "amoureux fou qui n'entend pas raison" était un peu touchant au début, j'avais aussi pitié de lui, mais il est clair qu'au bout d'un moment ce personnage tourne vite en rond.