Lady Susan

Bon, je vais dépoussiérer ce sujet en le remontant après tant de mois passés mais, pour mon excuse, je ne l'ai lu que très récemment

D'abord, je rejoins sur beaucoup de points Haydée. J'ai eu beaucoup de mal à entrer dans le roman. A chaque nouvelle lettre, je devais me poser deux secondes pour me "mettre" dans l'ambiance et me dire "ah oui, c'est untel qui parle à untel" ; ce qui n'était pas évident à suivre. D'autres parts, je ne m'attendais pas du tout à ce que ce soit un roman épistolaire. Comme j'ai lu vos critiques sur le film, je n'ai pas cherché plus loin sur le sujet, vous m'aviez donné assez envie ! Seulement, avant de visionner, il me fallait lire d'abord !

Pas très fan de Jane Austen au prime abord, dont je trouve l'écriture compliquée, à rallonge, et parfois creuse, je ne m'attendais pas à lire le roman du siècle ni à apprécier. Pourtant, intriguée par l'histoire, j'ai fini par dévorer les dernières pages. Une fois accoutumée au genre, je me suis laissée portée par les évènements qui s'enchevêtraient avec rapidité. Un gros avantage quand je pense aux cinquante premières pages ! Lady Susan est, bien sûr, détestable, et ses manigances m'ont irrité au plus haut point ! Comment une femme pareille arrive-t-elle à manipuler autant de gens avec autant de facilité ? C'est incroyable ! J'ai eu beaucoup de peine pour sa fille et M. De Courcy m'a déçu, lui, si fier de ses principes.

Pour la fin, je l'ai trouvé toute aussi rapide que le roman. Elle aurait été plus développée que ça ne m'aurait pas déplu. Toutefois, elle était assez amusante. Aussi, pour conclure, je dirai que la lecture était "pas mal mais sans plus" ; un peu comme tout le monde d'ailleurs.

Citation :

Pas très fan de Jane Austen au prime abord, dont je trouve l'écriture compliquée, à rallonge, et parfois creuse,

C'est drôle, parce que j'ai le sentiment que parmi les romanciers anglais du XVIIIème ou du XIXème, c'est largement celle qui a le style le plus fluide.
Pour ce qui est de Lady Susan, c'est vrai que le récit est très (trop ?) court et manque d'ampleur mais je lui pardonne volontiers, il s'agit d'une œuvre de jeunesse qu'elle a du écrire à 18 ans environ

L'écriture de Jane Austen est au contraire très fluide, je plussoie Emjy.
Certaines traductions françaises donnent l'impression d'un style parfois ampoulé, mais ce n'est pas du tout le cas en VO. Les phrases sont simples et au contraire très directes le style est limpide.

Malheureusement, je n'ai jamais lu de romans de Jane Austen en VO. Si mon niveau était plus élevé, j'adorerais pouvoir le faire mais je dois me contenter des traductions, et je concède volontiers leur effet parfois "ampoulé", comme tu dis. Les différences entre traductions sont même parfois énormes ! Rien de tel que l'original, je n'en doute pas.

Pourtant, sans elles, les livres de Jane Austen m'ont toujours paru comme creux, je maintiens mon opinion Je trouve que son écriture - du moins celle de la traduction - est lourde et très "condensée". Pour les descriptions, elle parle beaucoup pour ne faire que décrire et ces dernières, de ce fait, me paraissent sans saveur. En comparaison, je préfère celles des Brontë que je comprends mieux et dans lesquelles je m'immerge plus facilement.

Pour en revenir à Lady Susan, peut-être est-ce en effet sa taille "qui fait que" mais, en général, j'ai toujours pensé la même chose de Jane Austen.

Creux dans quel sens ? L'écriture ? Les thèmes abordés ?
Il est difficile de comparer Jane Austen aux sœurs Brontë, elles sont radicalement différentes. Jane Austen écrit des comédies de mœurs qui touchent presque à la satire, les Brontë écrivent dans une veine beaucoup plus romantique voire gothique.

Oui, c'est vrai. Mais je les ai toujours tenues dans la même veine des romans du XIXe. Elles parlent toutes d'amour, par exemple, mais abordent le thème d'un point de vue différent. Pour moi, Jane Austen et les Brontë se ressemblent beaucoup plus que... je ne sais pas... Jane Austen et Agatha Christie, tu vois ce que je veux dire ?

Pour ce qui est de "creux", je parlais des histoires en général. Elles sont beaucoup trop longues et ne disent pas grand chose à mon goût : pour être plus claire, quand je lis Jane Austen, j'ai l'impression de ne rien lire. Je reste en surface sans jamais m'y plonger comme je le voudrais. Par exemple, je me suis ennuyée à la lecture d'Orgueil et Préjugés, que j'ai pourtant aimé en film et en série. Lady Susan, au contraire, j'ai mieux apprécié ; encore qu'au début, j'avais du mal à "entrer" dans la peau des personnages. Bien entendu, ça reste mon sentiment.

Le roman est réédité le 3 mai chez Tristam (qui vient de publier Amour et Amitié de Whit Stilman ) et avec une nouvelle traduction