J'ai exhumé l'essai
Jardins en temps de guerre de Teodor Ceric des profondeurs de ma PAL, un texte acheté dans une librairie d'occasion il y a des années. J'ai bien fait de commencer mon année littéraire par ce court ouvrage car c'est une merveille.
Jardins en temps de guerre fait partie des textes publiés dans la petite collection
Ici et ailleurs des éditions Actes Sud et qui ne m'a jamais déçue jusqu'ici.
Dans ce récit autobiographique, l'étudiant-poète Teodor Ceric revient sur ses pérégrinations europénnnes. En 1992, à la suite de la guerre en Bosnie, il part en voyage à travers l'Europe pendant pas moins de 7 années. Au fil de son exil, il découvre des jardins de toutes sortes : pour la plupart d'entre eux, des lieux méconnus voire secrets, créés à la marge de la société.
Ces lieux offrent de véritables refuges pour cet expatrié passionné de littérature. Peu à peu, il révèle grâce à sa sensibilité, son sens aigu de l'observation et son talent d'écriture, la dimension poétique, existentielle et nostalgique de ces jardins.
Parmi eux, il y a le jardin sauvage de Prospect Cottage dans le Kent, celui de l'arrière pays d'Heraklion, une ville portuaire de Crète, le petit jardin nocturne de Monte Caprino, à Rome, sombre et mystérieux, celui du beau domaine de Painshill dans le Surrey (encore l'Angleterre) ou peut-être plus étonnamment, le jardin des Tuileries.
Même si Téodor Ceric fait la part belle à la nature et au refuge que celle-ci peut offrir, il n'oublie pas que ces jardins sont aussi et peut-être même avant tout des lieux de rencontres. Il n'occulte jamais la dimension humaine de son récit personnel et rend ainsi un bel hommage aux différents jardiniers quels qu'ils soient : d'un vieux chanteur grec à un auteur célèbre en passant par un mystérieux ermite ou des agents de la ville de Paris.
Cet ouvrage n'est pas un traité de jardinage. Il se lit plutôt comme une sorte de récit de voyage, porté par la plume délicate d'un réfugié presque vagabond au talent d'écriture assez exceptionnel.
Pas besoin d'être grand amateur de botanique ou de géologie pour se laisser emporter par le texte. Il faut juste se laisser guider par la prose de Teodor Ceric dans cette pensive promenade, dénuée de toute urgence mais captivante en soi et apprécier son élan naturaliste et humaniste.
Moi, j'ai adoré.