Le Chapeau vert de Michael Arlen

Dans le cadre du challenge littérature vintage, j'ai découvert un roman qui m'a laissée une forte et drôle d'impression ...

Citation :

Impitoyable tableau du combat de l'Angleterre traditionnelle contre la nouvelle liberté de moeurs, Le Chapeau vert décrit une société de jeunes gens élégants qui habitent Mayfair, partent en voiture de sport sur la Côte d'Azur, se baignent nus dans la Tamise... On roule en Hispano-Suiza, on danse le charleston. On est riche ou ruiné, c'est pareil. Iris March, vingt-neuf ans, est le centre de cette société, et il est facile de reconnaître en elle Nancy Cunard, l'amie d'Aragon à la même époque. Sans cesse réimprimé depuis 1925, cet énorme succès de librairie est resté le manifeste de la génération du Jazz age en Angleterre.

Le Chapeau vert me rendait curieuse depuis un moment. J'ai lu à de nombreuses reprises que c'était une oeuvre majeure des années folles, qu'elle avait suscité beaucoup d'enthousiasme à l'époque et qu'elle avait même été remarquée par Francis Scott Fitzgerald, qui s'en serait inspiré pour son Gatsby. Cette lecture s'est avérée être enrichissante. Le récit donne la part belle à la tragédie, dans le sens noble du terme, atteint même le mélodrame sans tomber dans le ridicule ou la mièvrerie. L'héroïne au chapeau vert, Iris Storm, a une réputation sulfureuse, s'est mariée pas moins de deux fois et continue de faire chavirer les coeurs, à commencer par celui du narrateur, qui semble être absolument désarmé par sa beauté et sa vulnérabilité.
Le lecteur est instantanément plongé dans l'incandescence des années vingt. La lecture de ce roman, qu'un critique de l'époque avait apparenté à une sorte de "séquence de rêve saturée d'opium", se fait parfois complexe et hasardeuse. Le style de l'auteur est parfois un peu grandiloquent et hyperbolique mais aussi d'une élégance remarquable. Rien que pour lui, ce roman mérite d'être lu !
Le Chapeau vert est une oeuvre singulière et pas très accessible (les personnages, à commencer par Iris, sont mystérieux voire même impénétrables) mais néanmoins saisissante dans sa représentation de l'amour et des conventions sociales.
Il existe une adaptation cinématographique avec Greta Garbo datant de 1928 et intitulée A Woman of affairs (Intrigues en VF). Plein de photos ici

Un extrait :

Citation :

Détournez-vous des étoiles, si vous aimez les joies terrestres, car elles les détruiront en vous faisant rêver de choses plus belles encore ! Ecoutez de la grande musique ! Adorez Dieu dans la solitude ! Foncez à travers la campagne comme des flèches aux yeux de braise ! Ce sont les plus hauts plaisirs que vous réserve cette terre. Mais n'allez pas regarder les étoiles, elles vous détruiraient ...

NB : Ce roman a été édité en français aux éditions Salvy puis chez 10/18.

Acheté il y a deux jours, impossible de resister à ça

Citation :

Le Chapeau vert devint instantanément un livre culte : Francis Scott Fitzgerald le relisait sans cesse, et ne cachait pas combien il lui devait pour la création de Gatsby, et Virginia Woolf s’en inspira quelque peu pour Les Vagues.

J'ai vu que le roman vient d'être réédité chez Belles Lettres



J'attends ton avis, Constance !

C'est une bonne nouvelle!!

 
J'ai trouvé ce roman assez déconcertant et exigeant. J'ai eu du mal au début à me concentrer... Les passages où les personnages relatent leurs états d'âme sont parfois un peu longs...

Toutefois, le style de l'auteur est remarquable. Nous sommes plongés au cœur des années 20, pleines d'effervescence, et partagées par la volonté de certains de sauvegarder les valeurs traditionnelles et la volonté de s'émanciper d'un autre côté.

Le personnage d'Iris Storm est un personnage de femme troublant, et tragique.

Comme disait Emjy, ce roman aurait compté parmi les préférés de Fitzgerald. On y trouve par exemple un narrateur qui semble détaché des événements tout en y assistant, et qui est ami avec la protagoniste, une Hispano-Suiza jaune, et une symbolique de la couleur verte très forte (presque une mention de cette couleur à chaque page...).

J'ai moi aussi eu du mal à entrer dans ce roman. Je l'ai trouvé encore plus exigent que The Great Gatsby, et même peut-être plus "froid".

Même si ce roman pas été un coup de coeur pour moi, je l'ai trouvé très intéressant d'un point de vue littéraire, notamment parce qu'on trouve en effet dans l'oeuvre de Fitzgerald de lointains échos du texte de Michael Arlen. J'aime trouver des résonnances comme celles-ci d'un texte à un autre, je trouve toujours cela intéressant   ...