L’autre maisonUn plongeon abominable au cœur de la passion amoureuse !
Servi par une brillante mise en scène théâtrale, un huis-clos irrespirable entre deux jeunes femmes éprises du même homme, deux autres hommes « rôles secondaires », Mrs Beever, la terrible douairière qui perce tous les mystères, sauf l’essentiel de ce drame ahurissant.
Ainsi que le veuf.
Sa femme morte et son enfant (binôme indissoluble).
Enfin, le médecin de famille, personnage capital.
La trame est la suivante : Tony, heureux père d’un jeune enfant, perd sa femme Julia. Celle-ci lui a fait jurer solennellement et devant témoins, qu’après sa mort, il ne se remarierait pas. Sauf dans un cas : celui du décès de son enfant, le veuf sera alors libre.
Voilà le postulat.
Sauf que Tony suscite des ardeurs enflammées et violentes. D’autant plus violentes qu’elles sont réprimées, cachées et illicites.
Aucune femme ne peut donc l’épouser, sauf à contourner « l’obstacle » imposé par la défunte...
Quand on commence ce roman exclusivement basé sur des dialogues très littéraires, on a la sensation d’évoluer dans un brouillard d’émotions contradictoires, étranges et peu avouables. En plus, James est assez habile pour nous leurrer. Les personnages passent leur temps à se mentir, se provoquer, s’observer dans la limite de la décence imposée par les conventions strictes de la bonne société Anglaise.
Mais le lecteur étouffe, car s’il ne lit pas dans les cœurs, il en entend les pulsations effrénées et chaotiques. Comme l’idée qu’un volcan va se réveiller…
A aucun moment, on réalise dans quel abîme James va nous jeter. On est pourtant anxieux…
Le dénouement a lieu en fin de livre.
Fulgurant et horrible.
Le pauvre lecteur, déjà agonisant, se trouve saisi d’effroi. Happé par la flamboyance des sentiments humains, par leur pouvoir malsain et incontrôlable, il en perd toute raison.
Je frémis encore...
…de l’extraordinaire tension psychologique de ce livre…
…de l’extraordinaire talent de James…
…de l’extraordinaire histoire qu’il a imaginée afin que je n’oublie jamais la folie destructrice des inclinations humaines !