The children act (L'intérêt de l'enfant) d'Ian McEwan

Le nouveau roman de Ian Mc Ewan The children act sortira le 4 septembre.
Voici le synopsis:

Citation :

Fiona Maye is a leading High Court judge, presiding over cases in the family court. She is renowned for her fierce intelligence, exactitude and sensitivity. But her professional success belies private sorrow and domestic strife. There is the lingering regret of her childlessness, and now, her marriage of thirty years is in crisis. At the same time, she is called on to try an urgent case: for religious reasons, a beautiful seventeen-year-old boy, Adam, is refusing the medical tryeatment that could save his life, and his devout parents share his wishes. Time is running out. Should the secular court overrule sincerely held faith? In the course of reaching a decision Fiona visits Adam in hospital - an encounter which stirs long-buried feelings in her and powerful new emotions in the boy. Her judgment has momentous consequences for them both.

J'ai lu L'Intérêt de l'enfant (le titre VF de The Children act) et je trouve que c'est un très bon Ian McEwan : l'intrigue mêle les déboires conjugaux d'une juge, Fiona, et la résolution d'un cas judiciaire qui va changer sa vie. C'est ce dernier point qui m'a surtout plu : tout ce qui tourne autour de la justice et de la fameuse question de l'intérêt de l'enfant est très intéressante à lire et suscite la réflexion.
La relation, assez ambiguë, entre Fiona et Adam, son jeune client, est un autre atout d'autant plus que le suspense est fort : jusqu'aux dernières pages, je ne savais pas trop à quoi m'attendre.

Je viens de lire ce livre en deux petits jours et il m'a beaucoup plu.
Il se lit très rapidement car le personnage de Fiona, juge déstabilisée par une possible rupture conjugale, est très intéressant à suivre, tout comme ses cas qu'elle doit juger, qu'elle étudie avec méthodologie et compétence.
J'aime beaucoup les passages avec son mari, comment il peut paraître ridicule lors de la confrontation du début, quand il déclare qu'il veut connaitre une liaison passionnée , avec son accord, avant d'être trop vieux
Mais il n'apparaît pas comme une caricature, ni Fiona d'ailleurs qui est pétri de doute et de regrets.

Adam lui-même est un bon personnage, même s'il paraît un peu fanfaron au début, tout content de susciter tant d'intérêt.
Il murît énormément.

Spoiler:

Je ne m'attendais pas à la fin.

Je suis ravie également du choix d'Emma Thompson, elle sera parfaite dans le rôle

J'essaie de l'emprunter en biblio mais pour l'instant je suis en mode échec

Tout cela me conforte dans l'idée que c'est un livre à lire

Grâce au challenge littéraire "A British Quartet", j'ai enfin lu L'intérêt de l'enfant et bien m'en a pris car je l'ai trouvé superbe     

Comme toujours avec Ian McEwan, on est mis face à un roman d'une grande finesse psychologique et d'écriture. Il a aussi l'excellent mérite de soulever des questions passionnantes, telles que la dignité de l'être humain,  le libre arbitre, le droit des mineurs, la responsabilité d'un juge, la liberté, la religion, la quête de sens … Cet ouvrage peut se lire comme un roman à suspens, un roman moral et un roman d'amour (dans le sens le plus large du terme).
Les deux héros qui portent le récit sont superbes. McEwan crée une belle proximité avec Fiona. Son engagement professionnel n'a d'égal que sa sensibilité et son humanité (qui va de paire avec sa vulnérabilité). Adam, le jeune homme d'à peine 18 ans qu'elle doit défendre face à l'intégrisme religieux de sa famille, est un personnage très charismatique, une figure très émouvante et romantique (dans le sens littéraire du terme)
En le lisant, je me disais que je reverrai l'adaptation avec plaisir. Finalement, je trouve qu'elle ne démérite pas face au roman. Et les interprétations d'Emma Thompson et Fionn Whitehead sont remarquablement fidèles aux personnages créés par Ian McEwan.

Je dois également le lire pour le challenge. Ton avis me rassure et me donne envie de plonger dans ce roman. Le côté réaliste et sociale m'attire.

Fanny a écrit:

Je dois également le lire pour le challenge. Ton avis me rassure et me donne envie de plonger dans ce roman. Le côté réaliste et sociale m'attire.

Oui, c'est réaliste et social et en même temps très sensible. Ian McEwan livre un roman à mon avis parfaitement maîtrisé. Hâte d'avoir ton retour ! 

J'ai dévoré ce roman plein de finesse et de justesse. Aucun regret d'avoir vu le film en premier car ce fut très agréable d'imaginer Emma Thompson en Fiona durant ma lecture. Les personnages sont tout sauf superficiels et sont loin d'être manichéens : ils font des choix, sont contraints d'en faire pour d'autres, sans pour autant être certains d'être dans le vrai. Du moment où les sentiments entrent en scène, leurs croyances sont ébranlées, ils sont vulnérables mais restent forts quand même. J'ai trouvé que cela s'appliquait à tous les personnages du roman, que ce soit Fiona, son mari ou encore Adam.

Un roman que je vous conseille absolument.

Tu enfonces le clou! J'espère pouvoir le lire bientôt...

Tant mieux Fanny si j'enfonce le clou ! Sachant que j'ai moyennement aimé On the Chesil beach et que j'encense celui-ci, tu imagines le niveau.

J'ai moi aussi dévoré ce livre en à peine deux jours. Quelle délicatesse, quelle finesse dans les sentiments ! Le personnage d'Adam évolue bien, celui de Fiona est merveilleux de sagesse et de professionnalisme. On aimerait être sûr que toutes les décisions de justices sont rendues par des juges aussi compétents. En tout cas les différentes affaires que Fiona a à juger, que ce soit celle d'Adam ou les autres auxquelles il est fait allusion dans le roman, nous livrent de vrais dilemmes que je ne pourrais jamais affronter à la place de Fiona.
Je ne m'attendais pas non plus à la fin.

Dévoré en 2 jours, je rejoins vos avis, roman d'une grande justesse, on suit avec intérêt Fiona son job et sa vie privée. La rencontre avec Adam est très forte, cette parenthèse à l'hôpital qui marquera à jamais "My Lady"...

Je m'attendais à la fin, même si elle est très bien amenée. La scène du concert est magnifique.
Il ne me reste plus qu'à voir l’adaptation avec Emma Thompson

Je conseille vivement ce roman une belle découverte de cet auteur que je ne connaissais pas.

Miss Woodhouse a écrit:

Je conseille vivement ce roman une belle découverte de cet auteur que je ne connaissais pas.

J'avais lu et beaucoup aimé Atonement du même auteur, et puis The Child in Time, que j'ai moins aimé. Je recommande quand même vivement la lecture de cet écrivain que je suis d'avoir fini de découvrir !

A moi aussi il me reste à voir l'adaptation, cela fait presque un an que j'y pense, et je ne sais pas pourquoi je ne l'ai toujours pas regardée. Et pourtant j'aime beaucoup Emma Thompson !

@Miss Woodhouse : le film est splendide, Emma Thompson est superbe dans ce rôle.

J’ai refermé ce roman avec le « petit » tressaillement au coeur qui vous gardera le livre en mémoire pour longtemps. Ce roman était d’ailleurs parfaitement adapté à la période puisque je l'ai lu en juin et qu’il se déroule principalement pendant un mois de juin particulièrement frais et humide, un peu comme le nôtre jusqu’ici…

Le personnage de la juge Mayes est magnifique : à travers elle, Ian McEwan nous dresse le portrait d’une juge au sommet de sa carrière professionnelle, d’une femme qui commence à vieillir, d’une épouse absorbée par les affaires familiales qu’elle traite dans son métier et qui a laissé son couple s’étioler, d’une Anglaise chic et cultivée qui maintient ses émotions dans les limites strictes du flegme britannique. Tandis qu’il dessine ce portrait, l’auteur évoque des histoires de famille, des conflits, des questions morales sensibles de la société actuelle, le fonctionnement de la justice et c’est passionnant.

Alors que son mari est parti tenter l’aventure ailleurs, Fiona est confrontée à un cas particulier : celui d’un jeune homme presque majeur qui refuse un traitement par transfusions sanguines au nom de sa foi en Jehovah. Obligée de juger en urgence, Fiona Mayes prend cependant le temps de rencontrer le jeune Adam, ne se doutant pas que leur conversation et le jugement qu’elle va rendre vont bouleverser le cours de leur vie à tous les deux.

Il m’a semblé que Ian McEwan jouait subtilement sur le dedans et le dehors (l’appartement les rues de Londres, la chambre d’hôpital, le tribunal, la tournée de jugements dans différentes villes anglaises, un petit salon dans un manoir) pour accompagner ces aler-retour entre vie intime, vie privée et vie professionnelle. La poésie anglaise et la musique des lieder allemands parsèment les pages du roman, permettant l’expression des sentiments. C’est sobre et élégant, tendu et profond. La fin est sublime et bouleversante. Ian McEwan est décidément un grand auteur anglais et un auteur universel.

« Dans les années quatre-vingt, un juge aurait encore pu placer l’adolescent sous tutelle judiciaire et le rencontrer au tribunal, à l’hôpital ou chez lui. A l’époque, un idéal plein de noblesse avait par miracle survécu à la modernité, cabossé et rouillé comme une armure. Au nom du monarque, les juges avaient été des siècles durant les gardiens des enfants de la nation. Désormais, les travailleurs sociaux les remplaçaient et rendaient compte de leur mission. Lent et inefficace, l’ancien système préservait le contact humain. Désormais il y avait moins d’attente, et davantage de cases à cocher, de rapports à croire sur parole. La vie des enfants étaient archivée dans la mémoire des ordinateurs, avec exactitude, mais un peu moins de bienveillance. »

« Malgré le tambourinement des gouttes sur son parapluie, elle entendit l’andante harmonieux, la cadence de la marche, tempo rare chez Bach, un beau chant insouciant qui s’élevait au-dessus de la basse continue, ses propres pas accompagnant cette mélodie aérienne et enjouée tandis qu’elle arrivait devant Great Hall. »

« Toute une vie professionnelle passée au-dessus de la mêlée, à défendre puis à juger, à s’autoriser en privé des commentaires condescendants sur la méchanceté et la bassesse des couples en instance de divorce, et voilà qu’elle était condamnée à frayer avec ses semblables, à nager en désespoir de cause dans le sens du courant. »