Three girls

Pendant encore quelques jours, Arte passe cette courte série (3*50 min) ici qui relate une histoire vraie, arrivée dans une ville industrielle non loin de Manchester, Rochedale.
Pendant plusieurs (dizaines ?) d'années, de jeunes adolescentes (blanches, ce détail a son importance) de la classe défavorisée ont été manipulée par un gang de pakistanais, droguées, violées et prostituées. Les services sociaux, la police, tout ce que l'Etat compte de gens qui auraient pu faire quelque chose, savaient et n'ont rien dit. Parce que les victimes étaient pauvres ? Parce qu'ils craignaient de se faire taxer de racisme ? Parce qu'une fille perdue est, après tout, une fille perdue qui ne vaut pas la corde pour la pendre ?
Three girls raconte cette histoire à travers le portrait de 3 adolescentes : il y a Holly Winshaw, la nouvelle, celle qui parle dans le vide ; il y a Amber Bowen, celle qui croit être la gagnante de l'affaire et que l'un des membres du gang est son petit-ami ; il y a Ruby Bowen, la petite soeur.
En trois temps, la série montre comme ces jeunes filles paumées se font broyer : par leurs violeurs ; par la police ; et par la justice. Loin de tout voyeurisme, elle relate les échecs d'un Etat perdu dans ses tourments, incapable d'apporter aux victimes l'aide dont elles ont besoin. Heureusement, quelques personnes, en particulier une militante du planning familial, lumineuse, remuent les montagnes. Elle montre comment fonctionnent les différents étages de la discrimination.

C'est une série lourde (mais assez peu violente), portée par 3 jeunes actrices immenses. En particulier, l'actrice qui joue Holly (Molly Windsor) est incroyable.
Si vous aimez l'Angleterre moderne, David Loach et l'accent du nord, courrez vite.

J'ai beaucoup entendu parler de cette affaire lorsqu'elle est (enfin!) sortie dans les médias, je me souviens notamment d'une interview d'une assistance sociale (il me semble) qui se sentait extrêmement coupable de n'avoir rien fait... J'ai bien noté qu'Arte venait de diffuser la série, et je compte bien la regarder car je n'en ai lu que du bien (trois T noirs dans Télérama).