L'envers du Paradis, de Francis S Fitzgerald

Je ne crois pas qu'il y ait de topic ouvert sur ce roman, le premier de Fitzgerald, sans doute l'un de ses plus autobiographiques, et qui lui valut un succès immédiat.

Citation :

'I know myself,' he cried, 'but that is all.'

Sans doute largement autobiographique, le roman est un roman d'apprentissage qui raconte la jeunesse d'Amory, dans les années 10 et 20. Amory est un garçon brillant, chouchouté par sa mère, une excentrique à la Tante Mame. Son entrée à Princeton lui permet de découvrir l'amitié, de s'ouvrir au autres - mais on reste dans une ambiance très aristocratique et snob. A New-York, il découvre aussi l'amour, grâce à Isabelle, une débutante, et Rosalind, dont le portrait est largement inspiré de Zelda Fitzgerald.

C'est un roman particulièrement intéressant, car il se situe à la frontière entre deux époques. La Belle Epoque est encore largement présente, que ce soit dans les habitudes des clubs, les relations avec les femmes, une tradition très XIXème, mais on voit déjà apparaître le XXème siècle et les Années Folles, une exigence de plus d'égalité. Le livre ne manque pas de nostalgie, une forme de tristesse qui imprègne les pages.

Je ne dirais pas que c'est un roman que j'ai toujours trouvé "facile" à lire. Il n'est pas particulièrement gai, l'intrigue est un peu décousue, on se demande parfois où on va. Mais le style est magnifique. J'avais noté dans le cours de ma lecture quelques citations, mais le choix a été dur.

Citation :

'Summer is only the unfulfilled promise of spring, a charlatan in place of the warm balmy nights I dream of in April.'

Citation :

So he found 'Dorian Gray' and the 'Mystic and Somber Dolores' and the 'Belle Dame sans Merci' ; for a month was keen on naught else. The wolrd became pale and interesting, and he tried hard to look at Princeton through the satiated eays of Oscar Wilde and Swinburne - or 'Fingal O'Flaherty' and 'Algernon Charles' as he called them in précieuse jest. He read enormously every night - Shaw, Chesterton, Barrie, Pinero, Yeats, Synge, Ernest Dowson, Arthur Symons, Keats, Sudermann, Robert Hugh Benson, the Savoy Opera - just a heterogeneous mixture, for he suddenly discovered that he had read nothing for years.

Citation :

'It's not all rubbish,' cried Amory passionately. 'This is the first time in my life I've argued Socialism. It's the only panacea I know. I'm restless. My whole generation is restless. I'm sick of a system where the richest man gets the most beautifull girl if he wants her, where the artist without an income has to sell his talent to a button manufacturer. Even if I had no talents, I'd not be content to work ten years, condemned either to celibacy or a furtive indulgence, to give some man's son an automobile.

J'ai enfin découvert ce roman qui me faisait de l'oeil depuis déjà un certain temps.

Publié en 1920, il s’agit du 1er roman de F. Scott Fitzgerald. Le titre est tiré d'un poème de l’anglais Rupert Brooke, notamment connu pour ses poésies idéalistes.
Il a connu un succès inattendu et absolument retentissant au lendemain de la 1ère guerre mondiale. Cette œuvre éclatante fait figure de manifeste pour une nouvelle génération.  L’auteur y décrit les affres d’une jeunesse libre, hardie, conquérante mais aussi en manque de repères.
C’est un roman à forte résonnance biographique. A travers  l’incarnation du jeune Amory Blaine, c’est l’auteur qui se met en scène. Comme son créateur, le personnage vient du Midwest, a étudié à Princeton, a servi dans l’Armée, est follement tombé amoureux d’une débutante…
Amory est présenté comme un égotiste, un jeune homme désinvolte, vaniteux, désenchanté mais aussi à contrario, sentimental, passionné et un brin idéaliste. C’est un jeune homme troublé et plein de contradictions.
Le roman traite du thème de l’amour voilé et contrarié par l’avarice et l’ambition.
Il met en scène une confrontation violente. D’un côté, ce séduisant anti-héros ce personnage pas très sympathique d’emblée, mais au charme, à l’élégance véritables et à l’intelligence lucide, et de l’autre, un monde en déliquescence, bouleversé par les conflits mondiaux mais en quête de renouveau.
On a l’impression en le lisant d’être face à une œuvre très marquée par son temps et en même temps tellement belle et profonde qu’elle apparaît universelle. C’est une œuvre qui ne se livre pas facilement. Elle suit un cheminement capricieux, sinueux. On y explore les méandres de la pensée de son auteur/narrateur, et les principaux évènements de sa vie, par des chemins souvent détournés, et de manière déconstruite.
Le roman est moins épuré que The Great Gatsby, il est multiforme, on y trouve notamment de la poésie et du théâtre. L’écrivain y traduit bien l’inconstance de son personnage.
L’écriture de Fitzgerald est fantastique. Elle m’a emportée du début à la fin. Sa beauté repose aussi bien sur les descriptions par petites touches, presque impressionnistes que sur des passages plus forts, plus fulgurants. La forme de son œuvre épouse parfaitement le fond, lui donne vie de la manière la plus inspirée qui soit. Bref, je sors très impressionnée de cette lecture et j’ai maintenant hâte de me plonger dans The Beautiful and damned.

Comme tu le sais, je compte le lire bientôt. J'espère que je serai aussi enthousiaste que toi !

Je l'espère aussi ! Ce roman est déconcertant mais mérite vraiment le détour.

Je me rappelle encore de l'enchantement qu'avait été le style de ce roman...

Oh un super avis Emjy