La Poupée de Daphné Du Maurier

Voilà un livre qui devrait prochainement beaucoup faire parler de lui. Il s'agit d'un texte inédit (en français en tous cas) de Daphné Du Maurier. L'auteur l'a écrit à 20 ans environ, avant de devenir un écrivain à succès.
The Doll est l'histoire sinistre d'un homme réalisant que sa maîtresse est amoureuse d'une poupée mécanique érotique !



Un article des inrocks en parle ici : Il retrace l'histoire tumultueuse de cette nouvelle.

L'ouvrage sera disponible dès le 2 mai.

Tentés ?

Ce texte a l'air assez sulfureux.

Intéressant.

J'espère simplement que la qualité est au RDV, car je me méfie des textes exhumés sur le tard.

En plus, je trouve le rapprochement des Inrocks entre les deux Rebbecca peut-être un peu forcé ?

Bref, je suis d'humeur sceptique et dubitative, ce soir !

On en sait un peu plus grâce à un petit article du Magazine Littéraire :

Citation :

Passionnée par l’œuvre de Daphné du Maurier, Ann Willmore, libraire anglaise, vient de retrouver cinq nouvelles de l’auteur de Rebecca, que l’on croyait perdues.
Cela faisait des années qu’Ann Willmore cherchait The Doll, une nouvelle écrite par Daphné du Maurier vers l’âge de 20 ans et que la romancière mentionne dans son autobiographie, Growing Pains: the Shaping of a Writer. Et c’est finalement «par hasard», en cherchant dans un recueil de textes rejetés par les magazines et intitulé «The Editor Regrets» que la libraire l’a retrouvée. Selon elle, «même aujourd’hui, The Doll est très choquante. Pour une jeune femme, célibataire, d’un milieu chic… Je comprends pourquoi elle n’a pas été publiée à l’époque.» La nouvelle relate l’histoire macabre d’un homme découvrant que sa maîtresse s’est entichée d’une poupée mécanique et érotique. Les autres nouvelles qu’Ann Wilmore a exhumées par ailleurs relèvent du fantastique macabre dont était férue l’auteur de Rebecca, et qui imprègne ses recueils tels que Les oiseaux. Ensemble, ces cinq récits feront l’objet d’une publication, augmentée de huit autres nouvelles jamais rééditées depuis les années 1950. Elle sera disponible en Angleterre à partir du 5 mai prochain sous le titre The Doll

Emjy a écrit:

Ensemble, ces cinq récits feront l’objet d’une publication, augmentée de huit autres nouvelles jamais rééditées depuis les années 1950.

Je ne me suis jamais essayée aux nouvelles de Daphné du Maurier. C'est tentant.

Effectivement, c'est tentant Même si les textes de jeunesse ne sont pas toujours les meilleurs d'une auteur.

J'avais loupé ce sujet.

J'ai lu ces nouvelles le mois dernier et j'ai passé 2 petites heures scotchée à ma liseuse. Je télécharge peu, mais ces nouvelles valent le détour. Je comptais lire Du Maurier suite à ma visite de l'expo L'ange du Bizarre, ou le roman Rebecca était mis en avant. N'ayant pas l'exemplaire de Rebecca sous la main, j'ai donc télécharge ces nouvelles;

Le recueil comporte 13 nouvelles
-Vent d'Est, La poupée, Notre Père ..., Des tempéraments contraires, Frustration, Picadilly, le Minet, Mazie, La chagrin n'a qu'un temps, Week end, Et ses lettres se firent plus sèches, La vallée heureuse, La sangsue.

La poupée semble avoir retenu l'attention des critiques, elle est certes particulière mais la force de cette nouvelle est bien l'incompréhension, le désespoir du narrateur face à ce qu'il découvre dans cette relation amoureuse, qui lui semble hors norme.

J'ai envie d'ajouter que la thématique de ces nouvelles tournent autour de relations amoureuses "hors normes", par forcément sulfureuses ou extravagantes mais qui ne suivent pas un schéma classique de fin heureuse, ils se marièrent et fondèrent une famille. Histoire de couple ambiguë, adultère, passions exacerbées ou les personnages se perdent, s'enfoncent dans une souffrance, perdent la raison, leur dignité, bref dépassent la limite du politiquement correcte et à l'époque cette limite était rapidement atteinte. La manière assez directe, percutante d'écrire de Daphné Du Maurier rend ses nouvelles totalement captivantes, inoubliable. Son style change à chaque nouvelle. Ses premiers écrits témoignent d'un potentiel, et j'ai même envie d'ajouter heureusement que ce sont des nouvelles. J'ai surligné mes préférées.

Et ses lettres se firent plus sèches est un récit épistolaire admirablement construit,
Week end est le récit maîtrisé de l'éclatement d'un couple,
Notre Père raconte les bonnes œuvres du père Halloway, homme d'Eglise méprisable
Le Minet est très embarrassante, tant vous pénétrez les pensées des personnages.

Citation :

Tous s'accordait à dire que Jim Holloway était un hôte parfait, et que sa conversation était aussi brillante que ses sermons. Il prenait soin de ne jamais aborder le sujet de Dieu, ni rien d'embarrassant, mais était toujours partant pour débattre de de la nouvelle pièce de la veille, du dernier livre, de la nouvelle mode et même du tout dernier scandale. il donnait son excessive modernité en spectacle et non content d'être un fervent joueur de poker et un danseur enthousiaste, il enchantait aussi la jeune génération par la liberté de son langage. Il y avait quelque chose de tellement original à être choqué par un prêtre. A l'église bien sur il n'était pas le même, et cela était apprécié.

Akina a écrit:

Même si les textes de jeunesse ne sont pas toujours les meilleurs d'une auteur

Oui si effectivement tu as lu auparavant ses romans les meilleurs tu risques d'être un peu déçue! Je n'avais lu que Les Oiseaux d'elle, mais j'ai trouvé la teneur de ces nouvelles équivalentes.

Je lis des commentaires plutôt élogieux dans la presse sur ces nouvelles ; du coup, je vais peut-être ma laisser tenter.

Oui Popila, l'article de C.G dans Elle est vraiment très bien, je suis d'accord avec elle sur cette nouvelle Week End, je vous mets le lien
http://www.elle.fr/Loisirs/Livres/Genre/Roman/La-poupee

Elle a écrit:

Et avec quelle aisance, Daphné du Maurier instille le malaise, avec quel humour noir elle ombre les joies fugaces du spectre de la désillusion à venir... Ce recueil donne envie de se replonger tout l'été dans son oeuvre, et de relire en boucle " Week-end ", la meilleure histoire du recueil, qui croque en moins de dix pages les hypocrisies amoureuses et leur terrible corollaire : la réalité qui frappe les rêveurs comme l'alarme douloureuse du réveillematin. " Pour la première fois, il remarqua que ses mollets étaient gros sans les bas ", tel est le genre de pensée affreusement mesquine que Daphné du Maurier attribue à ses personnages, sans pour autant jamais avoir l'air d'en rajouter. Cruel et délectable

Ces nouvelles me tentent bien également!