Pourquoi cela doit-il absolument se conclure par un mariage?

Je lance le débat, j'attends vos avis et vos réactions, car j'avoue que ça m'agace un peu : pourquoi les histoire d'amour dans les romances contemporaines finissent souvent par un mariage, ou au moins une demande en mariage alors que nos 2 chéris se sont avoués leur amour sincère depuis peu seulement?

Attention, qu'on soit bien d'accord : je ne suis pas contre le mariage, m'étant moi-même mariée jeune et sans aucun regret à ce jour. Mais quand même, le mariage n'est pas LA finalité d'un couple.

Donc voici mon avis sur la question : dans les romances contemporaines, le mariage représente un engagement sincère et durable pour un couple (bref, le CDI amoureux tant désiré par beaucoup) que seul la naissance d'un enfant peut égaler. Comprenons-nous : un couple sans enfant/animaux/crédit qui décide de mettre un terme à son mariage est moins "engagé" qu'un couple non marié qui a des enfants/crédit/animaux. Bon, d'accord, un crédit, ça finit par se terminer, mais je vous signale que les ânes, ça vit 40 ans, les perroquets jusqu'à 75 ans, et les enfants, ma foi, c'est le lien qui continuent de vous unir malgré vous à leur père/mère et tous les mauvais souvenirs que vous pouvez garder de cette personne (mais non, tout n'est pas noir... regardez Pas si simple pour vous remonter le moral!).
je reprends : le mariage solennise la relation sérieuse entre nos 2 héros sans toutefois bouleverser leur vie. Ainsi notre héroïne reste belle, mince (oui enfin ça... c'était avant de se jeter sur les paquets de M&Ms en regardant Côte Ouest pendant que son amoureux tond la pelouse en buvant bière sur bière) et entièrement disponible (il suffit qu'elle ferme les yeux pour ne pas voir qu'il a ENCORE froissé la moitié du linge en prenant des vêtement propres ce matin), ils peuvent partir en week-end sur un coup de tête, avoir une vie sociale épanouie, bref, être libre à deux.
Ce qui est beaucoup plus vendeur qu'un femme au gros ventre fatiguée, plus sensible (pour ne pas dire irascible), avec un chéri qui marche sur des œufs quand il est dans la même pièce qu'elle. Qu'un week-end en amoureux, ça se programme longtemps à l'avance après avoir négocié avec les grands-parents, qu'un week-end avec bébé se transforme en expédition (comptez 3 semaines de change sur 2 saison pour 2 jours une nuit à l'extérieur, et un vanity rempli de médicaments pour bébé au cas où, mais que les brosses à dents ont été oubliées). Qu'avant de faire un câlin, vous attendez au bas mot 30 minutes pour être sûr que votre chère tête blonde ne descende pas et vous surprenne en train de faire des choses qui pourrait la conduire directement pour les 15 prochaines années chez un psy, et puis de toute façon vous êtes trop fatigués pour faire quoique ce soit, que ohlala, 21h30 déjà si tard, je monte me coucher!

D'un autre côté, maintenant que j'y pense... comme je suis une enquiquineuse mais que je le sais, je n'aime pas les histoires d'amours avec un bébé au milieu. Ainsi, certains romans de Kathleen Woodiwiss m'agacent, parce que nos héros deviennent parents rapidement et que leur histoire d'amour n'est plus la priorité de l'histoire, ben non, il faut penser au bébé. Par conséquent je fuis les collections Harlequins spécial bébés. Mais là je pense que c'est parce que c'est de la pure mauvaise foi de ma part, car en général nos héroïnes sont encore plus belles qu'avant leur grossesse, elles ont à peine accouché qu'elles ont repris leur ligne, et qu'elles ne sont même pas fatiguées malgré les nuits coupées (ah ben non, suis-je bête : bébé fait ses nuits au bout de 4 jours...), qu'elles continuent d'être tirées à 4 épingles, disponibles pour leur amoureux, entièrement attentives à leur progéniture, le repas continue néanmoins d'être servi à l'heure et la maison est impeccable. C'est simple : je déteste ces héroïnes.

Bref, moi j'aime bien les histoires qui se terminent bien, pas forcément avec de grandes déclarations d'amour, encore moins de mariage et de bébé (après tout, l'un des 2 protagonistes peut être de nouveau célibataire pour le livre d'après  ), il faut juste que ce soit bien écrit, drôle, sexy, avec un minimum de plausible.

Allez, venez vous insurger.

Pour la prochaine discussion, je vous propose le thème suivant : mais pourquoi les héroïnes des romances contemporaines sont-elles souvent vierges? 

Ah, Laly, quelle bonne question !    Je viens donc m'insurger    Je suis tout à fait d'accord avec toi : toutes ces romances contemporaines qui se finissent systématiquement en mariage commencent à me taper légèrement sur le système  Elles se veulent sexy, coquines, impertinentes, et finalement, elles restent très conventionnelles avec leur "Ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants". Combien de fois j'ai pesté devant une romance qui finissait en mariage à la va-vite, comme si c'était un passage obligé...

Bon, contrairement à toi, je ne suis pas mariée, et je ne le veux pas spécialement, et quand on sait qu'aujourd'hui, plus de la moitié des enfants sont conçus hors mariage, en France comme ailleurs, qu'est-ce qui poussent les auteures à vouloir absolument que leurs héros passent devant le pasteur, ça me dépasse, j'avoue  

Je pense que c'est parce que la plupart des romances contemporaines sont américaines et traduisent la morale WASP qui reste encore très traditionaliste.

@Laly
Tu as raison, la fin d'un roman chick lit se termine souvent par une somptueuse et émouvante demande en mariage, alors que les interessés ne se sont -enfin- dévoilés leurs sentiments que très peu de temps avant...
Ils foncent tous vers le mariage comme si c'était l'unique raison d'être..

Autre question à part ton "mais pourquoi les héroïnes des romances contemporaines sont-elles souvent vierges?".
Je pose la question qui fâche "mais pourquoi tous les héros et héroïnes  de romances ont des boulots intéressants?"
Car voilà, ils ou elles sont tous ou presque : dans la mode, dans l'édition, dans le monde de la télévision/journalisme ou alors ils font le boulot de leur rêve et sont tous très bien rémunérés.
Il n'y en a pas beaucoup qui rament en faisant un boulot alimentaire...  

Hihi, Diana, là tu attaques directement le chapitre 3  Je me suis posée la même question, j'ai lu plusieurs romans d'Isabel Wolff et ses héroïnes ont toutes des métiers passionnants et libéraux... Je sais que le travail à l'usine n'a rien de glamour (quoique, dans Flashdance, Alex est soudeur (soudeuse?) et elle réussit l'exploit de paraître sexy!), mais entre les deux, il y a pleins de postes dans la vie réelle qui ne rendent pas extatiques mais qui paient les factures...

Scarlatiine : contente de voir que je ne suis pas la seule à tiquer devant cette précipitation... en y repensant, même la fantaisie urbaine n'y échappe pas...

Shelbylee : la morale WASP est, d'après moi, quelque chose de très hypocrite, ça me fait penser à une espèce de vieille aristocratie européenne, pour un Nouveau Monde, ça ne passe pas... Je pense notamment aux parents de Lorelai dans Gilmore Girls, Gossip Girl...

Peut-être qu'en essayant de la romance européenne (je crois que les Allemandes sont prolifiques, reste à croiser les doigts que certains titres ont été traduits!) il y aura moins de mariage grandiose à la fin de l'histoire?

Laly a écrit:

.. c'était avant de se jeter sur les paquets de M&Ms en regardant Côte Ouest

Je ne suis pas certaine que cette série existe encore   Pourquoi une romance se termine forcément par un mariage? Je pense comme Shelbylee que cela est lié à la morale bien-pensante américaine. La majorité des romances Harlequin et autres sont écrites par des femmes pour un lectorat pré-défini: la jeune fille s'apprêtant à devenir une future mariée ou la femme (plus ou moins jeune d'ailleurs) et les Américains sont très attachés à des valeurs traditionnelles comme le mariage et l'enfantement: actuellement, un candidat qui se présenterait à la Maison Blanche en étant célibataire n'aurait aucune chance d'être élu car les Américains tiennent à cette image de couple présidentiel.

Dans une série comme Desperate Housewives, aucune héroïne ne reste célibataire bien longtemps. Bree par exemple va connaître quelques aventures mais va finir tout de même mariée à son avocat! à la fin de la série, Lynette revient avec Tom, Gabrielle reste avec Carlos et on peut supposer que cette pauvre Susan restera veuve toute sa vie, dans le souvenir de son époux. On retrouve cette sacralisation du mariage dans les romances pour les plus jeunes: je pense de suite Twilight: avant de s'offrir à Edward, Bella exige d'être mariée à lui avant de passer à l'acte. On remarquera au passage que chez les Américains, les mariages sont rarement mixtes ou interculturels: on se marie avec une personne appartenant à la même classe sociale, à la même culture. Bella devient vampire avant de consommer avec Ed' aux grandes canines.

Désolée si je dérive du sujet mais je trouve que le sujet est passionnant. Donc, j'en reviens à ta question initiale, Laly: si une romance se solde par un mariage/demande en mariage parce qu'est la fin attendue, espérée par une grande majorité des lectrices qui ont une image sacrée du mariage. N'oublions pas également que les romances peuvent être lues comme les contes de fées que les petites filles lisaient étant enfants: un conte de fées finit toujours bien avec un mariage à la clef, ça fait partie des codes attendus.

Cela va de pair avec la question: "mais pourquoi les héroïnes des romances contemporaines sont-elles souvent vierges" parce que là encore, c'est une histoire de sacralisation, de puritanisme ambiant: je me souviens, il y a quelques années, que des égéries Disney comme Britney  Spears abordait un "anneau de chasteté" pour rassurer les parents de ses jeunes fans et surtout la bonne morale américaine...Un exemple pour illustrer mon propos: dans les films d'horreur comme Halloween, la Nuit des masques, le personnage incarné par Jamie Lee Curtis survit au tueur car elle est vierge alors que sa meilleure amie qui a déjà "fauté" avec son petit ami connaît une fin douloureuse; idem dans Scream: Sidney échappe au tueur de justesse parce qu'elle n'a pas encore consommé avec son copain mais dès qu'elle cède, elle échappe d'un cheveu à la mort...comme le mariage, la virginité est sacralisée dans la société américaine...et là, c'est une question de lectorat: on présente aux lectrices (pensées comme des Américaines WASP) ce qu'elles considèrent comme "moral" .

Enfin mais pourquoi tous les héros et héroïnes  de romances ont des boulots intéressants? Tout simplement parce que Rose qui travaille comme journaliste/éditrice/actrice, ça fait davantage rêver que Rose au chômage/enchaînant les emplois précaires/serveuse/employée de pompe funèbre...je considère la Romance comme des contes de fées pour grandes filles: dans les contes, les héros font toujours des métiers de rêve: prince, princesse, chevalier, fée...dans la romance, les auteurs veulent faire rêver les lectrices avec des métiers apparaissant comme des jobs de rêve.  

Je suis 100 fois d'accord avec Seirên qui a mis par écrit à peu près tous mes arguments   

Au sujet de la virginité, il n'y a que dans les films ou les romances américaines (ou anglo-saxonnes) qu'on met cet élément en avant. On voit toujours dans les films ou les séries des établissements scolaires où il existe des clubs d'abstinence. C'est juste impossible en France.

Après, je n'ai pas lu assez de romances françaises pour pouvoir comparer, mais je peux vous citer celle de Chloé Duval qui s'appelle Parce que c'est toi (je précise que l'auteure est une de mes amies "virtuelles") qui ne se termine pas par un mariage, ni par un bébé, mais

Spoiler:

Pour la dernière question sur le travail, je trouve justement que ça se diversifie de plus en plus (sans effectivement tomber sur des héroïnes au chômage). Je pense notamment aux livres de Kristan Higgins , ceux de Susan Mallery ou encore les small town romance (où les problématiques de l'isolement sont souvent évoquées, mais toujours avec un petit côté, c'est mieux dans les petites villes).

Et puis, il faut être honnête, je lis de la romance pour m'évader pas pour retrouver les problèmes sociaux dont on parle aux infos.

Merci d'ouvrir ce topic, c'est une question que je me suis souvent posée. Ca marche aussi pour les films, d'ailleurs...

Laly a écrit:

Ce qui est beaucoup plus vendeur qu'un femme au gros ventre fatiguée, plus sensible (pour ne pas dire irascible), avec un chéri qui marche sur des œufs quand il est dans la même pièce qu'elle. Qu'un week-end en amoureux, ça se programme longtemps à l'avance après avoir négocié avec les grands-parents, qu'un week-end avec bébé se transforme en expédition (comptez 3 semaines de change sur 2 saison pour 2 jours une nuit à l'extérieur, et un vanity rempli de médicaments pour bébé au cas où, mais que les brosses à dents ont été oubliées). Qu'avant de faire un câlin, vous attendez au bas mot 30 minutes pour être sûr que votre chère tête blonde ne descende pas et vous surprenne en train de faire des choses qui pourrait la conduire directement pour les 15 prochaines années chez un psy, et puis de toute façon vous êtes trop fatigués pour faire quoique ce soit, que ohlala, 21h30 déjà si tard, je monte me coucher!

C'est beaucoup trop vrai !! Surtout le coup des 3 semaines de change pour 2 saison   
Plus sérieusement, un mariage a aussi ses défauts : qui parle des engueulades avec les beaux-parents parce qu'ils veulent inviter tous les cousins, des disputes sur le choix des couleurs, de la robe dans laquelle on ne rentre plus parce qu'avec le stress, on a pris 5 kg, etc (je manque de munitions, n'étant moi-même pas mariée ) ? Il serait tout à fait possible de glamouriser le test de grossesse positif ("ahh, et tu as vraiment fait pipi dessus ? ?? Non, je ne veux pas le prendre, non, non") pour rendre tout ça plus romantique.
Mais je pense que le bébé correspond au début d'une nouvelle histoire, alors que le mariage permet de clore (au moins temporairement) l'histoire de la séduction. Finir sur le bébé soulèverait beaucoup trop de nouvelles pistes.

En ce qui concerne la chasteté, je suis d'accord avec tout ce que vous avez dit. J'ajouterais aussi un aspect purement narratif : cela permet de ne pas aborder la question des exs, donc du passé de l'héroîne. Etant vierge, elle n'a pas de passé amoureux. Et se mariant, elle n'a pas de futur amoureux non plus (puisqu'un mariage, c'est pour la vie). L'histoire est donc parfaitement bornée entre ces deux limites.