Au tout début du 19 ème siecle, dans sa demeure d’Hanburry Court, Lady Ludlow est une vieille aristocrate anglaise qui pourvoit à l’éducation et entretient quelques jeunes filles de bonne famille, orphelines ou désargentées. Ce roman traite des souvenirs d’une des pensionnaires : Margaret Lawson, receuillie par la Lady après la mort de son père.
Comme
Les confessions de Mr Harisson et
Cranford, il n’y a pas réellement d’histoire : c’est plutôt le recueil de nombreuses anecdotes et intrigues que se remémore la narratrice, bien des années plus tard. Ses souvenirs concernent essentiellement Lady Ludlow et les habitants du village d’Hanburry; les autres pensionnaires ne sont quasiment pas évoquées.
Lady Ludlow est un caractère fort : c’est une aristocrate assez conservatrice au début du livre : elle se considère encore comme le seigneur du village, celle dont on respecte et applique les conseils et directives sur la bonne marche du village, tant au plan social qu’administratif. Certains habitants, comme son intendant Mr Horner et le pasteur Gray, ont des idées beaucoup plus modernes qu’elle. Par exemple sur l’éducation des enfants des villagois, leur souhait le plus cher étant de les instruire et de construire une école. La vieille aristocrate est complètement opposée à leurs projets : la révolution française l’a beaucoup marquée, et elle est convaincue que c’est l’instruction des classes sociales inférieures qui est responsable de la mort de certains de ses amis français. Pourtant le temps fait son œuvre et malgré son age et ses principes la vieille dame verra ses idées évoluer.
J’ai adoré cette Lady Ludlow
: à la fois rigide et bienveillante, c’est son immense bonté qui lui permet de se remettre en question. Les personnages secondaires sont eux aussi très attachants : parmi mes préférés il y a Miss Galindo
(dont l’histoire d’amour et la générosité m’ont arrachée des larmes), Mr Horner
, le petit Harry Gregson et le bon pasteur Gray.
Ce n’est pas un des meilleurs livres d’Elizabeth Gaskell à mon avis : quelquefois trop brouillon, je l’ai trouvé moins bien construit par endroits que
Cranford par exemple. Malgré tout j’ai passé un excellent moment, et j’ai particulièrement aimé la fin, lorsque le roman se clôt sur une magnifique lettre de Miss Galindo à Margaret
.