Mountolive, 3eme partie du Quatuor d'Alexandrie de Lawrence Durrell

Mountolive, pièce maitresse du Quatuor d’Alexandrie, est un véritable chef d’œuvre.
Très éloigné du style narratif des deux premiers romans, le style de ce roman est direct, incisif, très révélateur et il offre un éclairage inédit et surprenant sur les évènements décrits dans Justine et Balthazar.
David Mountolive, jeune attaché diplomatique très anglais, arrive en Égypte pour parfaire son arabe dans les années trente. Il va être accueilli pendant quelques mois par la riche famille copte Hosnani, où il va faire la connaissance des deux fils adulte de la famille, Nessim (futur époux de Justine) et Narouz, ainsi que de leur mère, Leila, avec qui il commence une liaison passionnée.

Bien que très réticent au début (il se répète intérieurement : Only I must not fall in love and I won ’t), David Mountolive tombe amoureux de cette femme de plus de 20 ans son ainée. Après avoir quitté l’Égypte, et voyageant au gré de ses postes diplomatiques  - où son arabe n’est jamais utile -, il ne cessera d’entretenir une correspondance amoureuse avec elle tout en vivant sa vie.
Sa carrière diplomatique va l’emmener à rencontrer Purswarden et sa sœur Liza, jeune femme intelligente et aveugle qui aura un rôle important dans le prochain livre.
Pursewarden, dont le suicide a laissé les lecteurs interloqués, prend une épaisseur impressionnante dans Mountolive, à travers d’une longue lettre qu’il écrit à son ami David Mountolive pour tenter de lui ouvrir les yeux sur les véritables agissements de Nessim et de Justine.
Car c’est bien la politique et les dégâts causés par l’Empire britannique qui est le centre de ce livre passionnant et la réalisation que les prises de positions des personnages empêchera toute amitié ou brisera des liens anciens.

Il y a deux moments très marquants dans Mountolive :
-La rencontre de David et de Leila plusieurs années après leur séparation. Cette rencontre très souvent repoussée par Leila qui a vieillie et a été défigurée par une maladie (la grande beauté physique de David Mountolive est à plusieurs reprises indiquées dans le livre), est un moment fort et très violent car finalement, plus rien n’existe entre eux.
-La révélation, qui laisse Mountolive incrédule et trahit, des actions politiques antibritannique de Nessim et Justine.

Mountolive nous apprend également la véritable raison, enfin, de la liaison entre Darley et Justine    qui apparait comme une femme manipulatrice et sans aucun d’état d’âme.
Je dois avouer que je ne m’attendais pas à une telle révélation (prenant pour argent comptant ce qu’avais dit Balthazar dans le précédent livre), et Justine m’apparait comme une arriviste dénuée de tout scrupule.

Après avoir lu la totalité du Quatuor d’Alexandrie, Mountolive reste mon tome préféré. Il est passionnant, il a un rythme très soutenu, et peut d’ailleurs se lit de façon isolé, ou même avant Justine et Balthazar.
Je suis admirative devant le style de Lawrence Durrell, car chacun des trois romans semblent avoir été écrit par un romancier différent.
Chaque tome du Quatuor d'Alexandrie a un style particulier qui est très marquant et indissociable d'un personnage.

Merci pour la présentation très détaillée et très exhaustive de ce quatuor, Diana !

C'est l'un des livres préférés de ma mère, et elle a essayé de me le faire lire il y a trèèès longtemps... J'étais trop jeune pour l'apprécier, je crois, mais tu me donnes envie de m'y remettre

@Popila
Ta mère a très bon goût
C'est mon livre préféré du Quatuor d'Alexandrie, il est passionnant, le style de Lawrence Durrell est superbe , et David Mountolive est un personnage qu'on aime dès les premières pages.
Le voir lutter pour ne pas tomber amoureux parce qu'il est anglais, a reçu une éducation anglaise, et qu'il sait que ce n'est pas raisonnable est un très grand moment du livre.
Sa passion pour une autre femme dans le livre suivant est le meilleur moment de Cléa.

Je ne peux que te conseiller ce livre  
Si lire le Quatuor d'Alexandrie en entier te rebute un peu , tu peux commencer par Mountolive, il peut de dissocier des autres car il commence bien avant Justine et Balthazar.
J'ai hâte de le relire. Je sais que c'est celui que je relirais le plus  

@ Diana : Merci du conseil, je saurai m'en souvenir.

Je continue à un bon rythme ma lecture de ce quatuor puisque j'ai terminé ce tome la semaine dernière.  

Je l'ai tout simplement adoré. Mountolive possède une forme narrative plus classique que les tomes précédents. Nous allons plus en profondeur dans la psychologie des personnages, dans l'intrigue autour de la Palestine. Nous sommes également introduits dans les arcanes d'une ambassade entre résidence d'hiver (Le Caire) et résidence d'été (Alexandrie), conspiration et secrets. C'est tout simplement passionnant et d'autant plus que Lawrence Durrell parle en toute connaissance de cause ayant lui-même travaillé dans une ambassade.
La relation entre Mountolive et Leila est intéressante. Elle est faite d'un espoir indéfectible malgré le temps qui passe. Ce dernier n'est tendre ni avec l'un ni avec l'autre. Les retrouvailles sont teintées d'une déception amère. Mountolive n'est pas épargné ici, ses illusions sont vite douchées par plusieurs réalités violentes.
Lawrence Durrell nous décrit une Égypte toute en nuance et en dualité entre indépendantisme extrême et volonté de travailler avec les anglais, entre création et violence, entre faste et pauvreté.

Il ne me reste plus que 150 pages de Cléa. Je l'aime beaucoup aussi. Je préfère ne pas penser au moment où je vais quitter tout ce petit monde...

@Fanny
C'est le tome du Quatuor d'Alexandrie que j'aime le plus, celui que je pense je relirais le plus souvent.
Il a déjà la particularité de commencer avant les événements narrés dans Justine et Balthazar et donne un éclairage nouveau sur certains personnages.

Que penses-tu des révélations sur Justine? J'avoue que je ne m'attendais pas à cela.
On la d'abord connu à travers le récit de Darley, puis on a eu un éclairage nouveau de la part de  Balthazar, mais là, on en apprend encore plus (et encore un petit peu plus dans Cléa) et le lecteur va de surprise en surprise.

Citation :

C'est tout simplement passionnant et d'autant plus que Lawrence Durrell parle en toute connaissance de cause ayant lui-même travaillé dans une ambassade.

On voit bien que Lawrence Durrell connait le milieu
Je ne pense pas que ce soit par hasard que Mountolive, qui parle parfaitement l'Arabe, n'est jamais muté dans un pays où cela lui serait utile. Un peu comme Lawrence Durrell lui même qui parlait parfaitement le Grec et qui a été en mission en Yougoslavie etc..

Citation :

Il ne me reste plus que 150 pages de Cléa. Je l'aime beaucoup aussi. Je préfère ne pas penser au moment où je vais quitter tout ce petit monde...

J'ai hâte d'avoir ton avis sur Cléa

J'ai un peu du mal à rassembler mes idées sur ce tome. On y découvre pas mal de révélations étonnantes, certaines même qui viennent chambouler les (soi-disant) révélations du tome précédent (Justine et Nassim! ) et c'est assez renversant. On reçoit aussi une toute autre image de Darley, ce qui m'a fort déconcertée après avoir suivi ses réminiscences pendant deux livres. Cela dit, c'est un tour de force magistral : montrer comment un personnage apparaît différemment à travers ses propres mots, et puis par le regard d'un autre, mais sans pour autant le dénaturer.

A cela s'ajoute le fait que le style est très différent, puisqu'on ne retrouve plus la plume de Darley (que j'appréciais énormément, dans toute sa nébulosité et son désordre), mais qu'on a affaire à une narration externe, directe, et omnisciente (d'où les nombreuses révélations sur différents personnages).

Je dois avouer que ce tome n'est pas mon préféré. Il est prenant et très éclairant, plein de rebondissements et de révélations, mais j'ai été moins happée par la prose et les personnages que je ne l'avais été dans les deux premiers livres.

@LilyBart

Citation :

On y découvre pas mal de révélations étonnantes, certaines même qui viennent chambouler les (soi-disant) révélations du tome précédent (Justine et Nassim! Shocked ) et c'est assez renversant

Ce sont les révélations sur Justine, qui est un personnage beaucoup moins sympathique qu'on ne le pensait à travers les deux livres précédents, qui sont très marquantes dans ce livre. Je ne m'y attendais pas.
La rupture de style est effectivement notable dans ce roman (d'où mon admiration pour Lawrence Durrell qui maitrise les deux styles à la perfection), tout comme la différence de période, puisqu'on revient dans le passé avec la jeunesse de David Mountolive avec ensuite un bond dans le temps.