Lady Chatterley de Pascale Ferran (2006)

A l’origine, l’idée du film laisse perplexe : Une adaptation de L’amant de Lady Chatterley, chef d’œuvre (n’ayons pas peur des mots, c’en est un) de l’écrivain anglais DH Lawrence, tournée en France, par la réalisatrice Pascale Ferran et avec des acteurs français…
Comment dire, et pourquoi la trilogie de Pagnol tourné avec des anglais dans le port de Liverpool pendant qu’on y est ?    
Sauf que… Cette idée se révèle lumineuse.
Le film de Pascale Ferran est, à mes yeux, la plus belle adaptation, et j’ajouterais la plus juste, du livre de DH Lawrence.
Marina Hands a trouvé dans ce film le rôle de toute une vie (difficile dorénavant de penser à une autre actrice pour ce rôle), et l’acteur Jean Louis Coulloc’h est une authentique révélation.
DH Lawrence a écrit trois versions successives de L’amant de Lady Chatterley. P.Ferran adapte la seconde version : Lady Chatterley et l’homme des bois.
L’histoire: (source Wikipedia)

Citation :

Constance est mariée à Sir Clifford Chatterley, propriétaire d'un grand domaine et d'une belle demeure et homme d'affaires. Connie s'ennuie profondément dans sa vie d'épouse sage et dévouée depuis que son mari est revenu de la guerre partiellement paralysé et impuissant. Au détour de promenades dans l'immense domaine, Constance tombe sous le charme de la cabane du garde-chasse, c'est là qu'elle se sent bien. Peu à peu elle fait connaissance avec le garde-chasse de la propriété : Parkin, un homme solitaire et bourru qui pourtant l'intrigue mais qui au départ, n'apprécie guère cette intrusion sur son territoire. Une relation va se nouer petit à petit entre eux.

Il est difficile d’expliquer pour quelles raisons ce film est un chef d’œuvre.
L’interprétation des acteurs y est déjà pour beaucoup. Marina Hands est tout simplement parfaite en jeune femme esseulée qui ne trouve de l’apaisement que dans la nature (la forêt, les sous-bois et les clairières sont magnifiquement filmés). Jean Lous Coulloc’h, que je ne connaissais pas, surprend et emporte très rapidement l’adhésion. Son Parkin est rugueux et peu bavard, mais il se révèle peu à peu au contact de Connie.
J’aime beaucoup la lente approche entre Connie et Parkin, puisqu’au départ, Connie vient surtout dans la clairière où se trouve la cabane du garde-chasse pour se reposer, loin du stress. Celui-ci est tout d’abord désagréablement surpris de la voir mais ne peut rien dire vu qu’elle est chez elle. Puis commence une liaison qui , au début, ne semble que sexuelle pour enfin devenir amoureuse et passionnelle.
J’ai beaucoup apprécié que  l’époux de Connie soit bien traité : il n’est pas franchement engageant, mais il est gentil, son entourage est dévoué et il comprend que sa femme a besoin de s’évader (bon, il ne sait pas tout…)

De même, Pascale Ferrand a un très grand talent pour filmer les scènes d’amour, sans que cela ne devienne du voyeurisme.
Le plus bel exemple est une scène marquante du film où les deux amants courent nus, délirants de joie, sous la pluie. Cette scène est filmée de façon tellement naturelle , elle est  joyeuse et très belle.

Je ne vais pas en dire trop pour ceux qui n’ont pas (encore) vu le film ni lu le livre, mais je tenais à faire cette présentation pour inciter tous les amateurs d’adaptations littéraire réussie à découvrir ce superbe film (et le livre par la même occasion)

Et vous, connaissez-vous cette adaptation?

PS: j'ai mis cette présentation dans les adaptations littéraires britanniques, car le livre est anglais et Marina Hands à moitié anglaise  

Merci pour ce topic, Diana Il manquait vraiment au forum !
J'ai découvert ce film à sa sortie au cinéma, en 2006 (déjà ! ) puis en version longue et je l'ai adoré. Pour moi, c'est l'une des plus belles adaptations d'une œuvre littéraire que j'ai pu voir.  Et avant d'être une adaptation, une oeuvre cinématographique forte et sincère.
La caméra de Pascale Ferran est toujours à la place qui lui revient, le récit est mis en scène avec beaucoup de finesse. En fait, il y a de la finesse partout : dans l'interprétation des acteurs, dans les dialogues, dans le découpage narratif ...
Tu as raison, l'acteur Jean Louis Coulloc’h  est une vraie révélation. Tu as employé le mot authentique pour le qualifier, et je trouve qu'il lui va à merveille. Il a le physique parfait pour interpréter le garde-forestier. Il a une apparence un peu rude, presque "à la Brando", qui convient très bien au personnage.
Hippolyte Girardot donne aussi vie avec émotion et retenue à un personnage brisé par la vie mais capable de générosité et de compassion pour sa femme.
Comme le roman de DH Lawrence avant lui, ce film est une vraie ode au désir et à la sensualité. Marina Hands est lumineuse et émouvante dans le rôle de cette jeune femme qui bascule de la dépression à l'épanouissement.

Pour finir, je citerais une phrase de la critique des Inrockuptibles avec laquelle je suis complètement d'accord :

Citation :

Orfèvrerie du découpage, majesté des durées, incandescence des émotions: un film magnifique et fiévreux.

Bon ben je vais dénoter, car je n'ai pas trop aimé ce film vu en version longue.
Au début, je trouvais les paysages bien filmés, très beaux, jusqu'à ce que ça se transforme en poncifs (le bourgeon qui éclôt en même temps que le désir de la femme augmente est une métaphore rebattue...).

Je n'ai pas aimé la diction, l'élocution de Marina Hands qui fait limite cruche. Certaines scènes sont d'ailleurs assez ridicules (le coup du bouton de rose , on se serait cru dans un Harlequin). Je n'ai pas été convaincue par les scènes érotiques non plus...

Pour moi, seul Hippolyte Girardot vaut le coup.

Après, ce n'est pas la version du roman que j'ai lu. J'ai lu la troisième version dans laquelle l'amant est un homme cultivé qui a décidé de se mettre au vert. Même s'il apprend des grossièretés à Constance, il fait partie du même monde qu'elle et c'est vrai que ça change tout le sens du roman.

Du Harlequin ?   Ah oui, on a en effet des avis complètement opposés  Mais bon, c'est bien, ça change

La version que Pascale Ferran a adaptée est Lady Chatterley et l'homme des bois effectivement. J'imagine que la BBC a adapté l'autre.

Je n'ai pas vu le film mais j'ai lu vos avis.
Je ne savais pas du tout qu'il ya avait plusieurs versions du livre. Est-ce normal d'ailleurs que je ne lui trouve pas de topic ?
Je vois très bien ce que veut dire Virginie sur l'élocution de Marina Hands.

Non, il n'y pas encore de topic sur le(s) roman(s). Personne ne s'est dévoué pour l'instant

Oui alors je n'ai jamais lu d'Harlequin, mais disons que j'en ai une image d'un truc assez niais. Et le gros plan sur le sexe en érection suivi d'un plan le matin au réveil avec la réflexion de Constance qui a un air niais et qui dit : "oh c'est marrant, on dirait un bouton de rose.", ben j'ai failli éclater de rire!

Miss Virginia, C'est vrai que le cinéma de Pascale Ferran présente ce côté très naif, elle simplifie à l'excès, pourtant je ne la trouve pas totalement à coté de la plaque, elle filme des moments un peu vides, évidents, sublimes aussi ...

C'est pareil dans son dernier film Bird People , j'avoue que lors de la projection j'ai du mal, je trouve cela long, pas utile, mais je trouve ces scènes au final essentielles et perfectibles.

pour moi la Lady Chatterley est cette femme qui découvre le plaisir de la chaire, en bonne et due en forme avec son mari c'est mieux, mais s'épanouit totalement dans cette découverte des plaisirs en dehors des liens du mariage, la version de Pascale Ferran sublime  cette sensation de liberté, c'est ce que j'en retiens.

En fait, j'ai eu l'impression qu'elle avait voulu faire un film dans le même style que David Lean pour la fille de Ryan mais sans avoir son talent...

Je rejoins totalement les avis de Emjy et Diana. C'est un film splendide, une ode à la vie et à l'amour. Il se dégage de ce film beaucoup de sensualité, de lumière et effectivement la relation entre Lady Chatterley et le garde-forestier se noue de façon très naturelle. Il y a un rapport très étroit avec la nature également qui je pense doit être très présent dans cette deuxième version du roman.

Les trois acteurs sont un des gros atouts du film, chacun joue son rôle à la perfection. J'avais été enchantée par la prestation de Marina Hands que je découvrais dans un grand rôle, elle s'épanouissait au fur et à mesure du film. Une totale réussite !

Pas grand chose à ajouter à ton post, Titine.
J'espère que l'adaptation de Jed Mercurio me séduira aussi même si elle me semble bien différente (ce qui est une bonne chose, autant proposer une autre vision du roman)