Comme Fanny, je n'ai pas été complètement emportée par ma lecture, même si j'ai tout de même appris pas mal de choses.
Jo Bellamy, jeune paysagiste américaine, arrive en Angleterre pour étudier et ensuite reproduire le Jardin blanc de Vita Sackville-West à Sissinghurst. Jo découvre un mystérieux journal, sans doute écrit de la main de Virginia Woolf, ce qui signifierait qu'elle n'est pas morte le 28 mars 1941. En plus de l'intérêt exceptionnel de ce document pour l'histoire de la littérature, Jo tient à découvrir la vérité pour des raisons privées : son grand-père a côtoyé Vita Sackville-West et Virginia Woolf pendant la Seconde Guerre mondiale et son nom apparaît dans le document. Il s'est suicidé peu de temps avant le départ de Jo. S'est-il tué parce qu'il connaissait le secret de la mort de Virginia Woolf ?
Je suis un peu partagée par rapport à cette lecture. J'ai aimé certains aspects, d'autres moins.
Tout d'abord, le personnage principal, Jo, va se lancer dans une espèce de chasse au trésor suite à sa lecture du manuscrit (car il en manque une partie). Elle va emmener dans sa quête Peter, un membre du personnel de Sotheby's qui va laisser de côté son travail pour la suivre. Ce qui va entraîner une inévitable romance, compliquée par le fait que Jo allait peut-être avoir une aventure avec son riche patron (qui refuse de lâcher l'affaire) et que Peter n'a pas complètement clôt sa relation avec son ex-femme (qui comme par hasard se trouve être la spécialiste de Virginia Woolf qu'il faut consulter). Rien qu'à l'écrire, je me dis que ce n'est pas très crédible et pas très intéressant.
Ensuite, il faut adhérer à l'hypothèse que Virginia Woolf n'est pas morte le 28 mars 1941. Stephanie Barron n'invente quand même pas n'importe quoi. Le corps de Virginia Woolf a été retrouvé seulement 3 semaines après sa mort. L'auteure la fait donc vivre uniquement pendant ce cours laps de temps. Virginia Woolf va se retrouver mêlée malgré elle à une affaire d'espionnage. Sur le coup, je me suis dit que ce n'était pas très crédible, mais en y réfléchissant, je me suis dit que ce n'était pas forcément si tiré par les cheveux que cela, surtout quand on sait tout ce que les britanniques et les américains ont mené comme campagne de désinformation pendant la Seconde Guerre mondiale (l'Opération Fortitude par exemple).
Il y a quelques interprétations d'éléments biographiques qui m'ont un peu dérangée. Virginia Woolf est présentée comme folle. Je sais qu'elle emploie elle-même le terme "mad", notamment dans sa lettre d'adieu à son mari, mais j'ai l'impression que cette folie serait aujourd'hui caractérisée de maladie mentale et que le terme de fou est dans ce livre employé de manière réductrice.
De plus, dans le livre, Virginia Woolf semble réellement détester son mari alors que je n'ai pas l'impression que c'était le cas, en tout cas, ce n'était sûrement pas aussi simpliste que cela.
Etant donné que je ne suis pas une spécialiste de Virginia Woolf, il faudra que je creuse un peu ses aspects.
Malgré tous ces points négatifs, j'ai appris un certain nombre d'éléments sur Virginia Woolf et ses proches. Les spécialistes de cette auteure n'apprendront peut-être pas grand chose, mais pour ma part, j'ai fait beaucoup de découvertes. Déjà, je ne connaissais pas le Jardin blanc de Sissinghurst, ni la passion de Vita Sackville-West pour le jardinage. La chasse au trésor menée par les héros permet aussi d'évoquer Charleston Farmhouse (la demeure de Vanessa Bell) et Monk's House (la demeure des Woolf où ils sont enterrés).
J'ai révisé mes connaissances sur l'économiste John Maynard Keynes.
Je ne connaissais pas non plus le groupe des apôtres de Cambridge, société secrète dont on fait partie bon nombre des membres du groupe de Bloomsbury et leurs proches.
Je ne savais pas que Anthony Blunt, membre des Cinq de Cambridge (agent double soviétique) avait été proche du groupe de Bloomsbury, ni qu'il avait dirigé l'Institut Courtauld. Le livre fourmille de détails et d'anecdotes sur la vie intellectuelle britannique du début du XXe siècle.
J'ai créé un tableau sur Pinterest
avec les lieux évoqués dans le livre. Il y a même une carte, si jamais vous avez envie de vous lancer dans un road trip spécial Virginia Woolf.
Si l'intrigue est quelque fois un peu tirée par les cheveux, le livre permet au novice de découvrir le personnage fascinant qu'était Virginia Woolf. On sort de sa lecture en voulant pousser plus loin les recherches et en voulant lire Virginia Woolf ce qui est déjà une belle réussite d'après moi.