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| | Darkest Hour, un biopic sur Churchill de Joe Wright (2017) | |
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+8Diana Emjy sandie Scarlatiine AnGee Fanny Summerday Shelbylee 12 participants | |
Auteur | Message |
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Emjy Bookworm
| Sujet: Re: Darkest Hour, un biopic sur Churchill de Joe Wright (2017) Sam 10 Fév - 13:04 | |
| J'ai vu le film il y a quelques jours et mon avis ne sera pas aussi enthousiaste que celui de Fanny. Gary Oldman est absolument remarquable en Churchill. C'est sûr que les prothèses et le maquillage y sont pour beaucoup dans sa transformation physique mais tous ces artifices n'atténuent en rien son charisme et la finesse et l'intelligence de son jeu. Gary Oldman a une présence incroyable dans ce rôle. J'ai tout particulièrement apprécié les scènes qu'il partage avec sa femme ou celles du parlement. Je trouve que l'acteur parvient très bien à incarner la force de conviction et la puissance oratoire de Churchill. Il est fascinant. Par contre, la réalisation de Joe Wright ainsi que certaines partis du scénario laissent un peu à désirer pour moi. Je peux comprendre que les britanniques aient besoin d'un film de ce genre dans cette période de post-brexit mais son côté très hagiographique voire "pieux" le rend un peu trop lisse à mon goût. Certaines scènes sont vraiment très maladroites. Celle du métro m'a achevée. Dans une interview, Joe Wright parle de licence poétique pour la justifier mais je n'y crois pas du tout. Pour moi, il n'y a aucun filtre dans ce film, aucun véritable angle de vue et ça m'a gênée. Malgré la prestation à la fois spectrale et incroyablement incarnée de Gary Oldman, le film ne s'élève pas au-dessus de la quantité de productions académiques habituelles. Il y a une certaine élégance et une certaine fluidité dans la mise en scène mais il y manque de la fébrilité, à mon avis. C'est dommage avec une dramaturgie et une personnalité pareilles ! _________________ |
| | | Blackadder Ecrivain en herbe
| Sujet: Re: Darkest Hour, un biopic sur Churchill de Joe Wright (2017) Dim 8 Sep - 23:01 | |
| - Emjy a écrit:
- le film ne s'élève pas au-dessus de la quantité de productions académiques habituelles.
Le travail sur la lumiére qui sculpte aussi bien les silhouette que l'espace, tout en clair obscure sans que l'on ne sache jamais s'il s'agit d'un crépuscule ou d'une aube nouvelle, et le travail de montage qui alterne constamment entre l'individuel et le collectif, raccorde la subjectivité de Churchill au drame mondial qui menace l'intégrité du pays (je pense particuliérement a cette vue aérienne en plongée des bombardements en France raccordé sans aucun souci réaliste au regard de Churchill), toute la mise en scéne des discours ou l'on dramatise non pas simplement la virtuosité de l'orateur mais également la matérialité même de l'actre d'écrire, avec tout ces plans détaillants rature, réécriture, dictée, machine a écrire, ligne de texte, le tout dans un montage souvent virtuose, bref tout c'est en effet vachement académique... On peut considérer la réalisation de Joe Wright comme emphatique, tapageuse et sans subtilité, mais académique non, pas quand il y a des partis pris formel aussi assumé et cohérent. Wright est un styliste de l'image, on peut trouver qu'il en fait trop que c'est superficiel mais une chose est certaine ce n'est jamais commun surtout dans le cinéma contemporain, il a une patte extrêmement reconnaissable et tout a fait personnelle. - Emjy a écrit:
- Pour moi, il n'y a aucun filtre dans ce film, aucun véritable angle de vue et ça m'a gênée.
Là aussi quand même je tombe des nues. Encore une fois on peut trouver l'emphase de Joe Wright excessive, et son souci de redynamiser la légende de Churchill qui touche a l’hagiographie a la fin peut agacer mais justement rien que pour cela on ne peut pas dire qu'il n'y a pas de partis pris. La scéne dans le métro on peut la trouver maladroite mais elle est un parti pris très clair et parfaitement cohérent avec la logique dramatique du film: Dés le début Churchill est présenté comme un outsider pas forcément a la hauteur de la tache, personne ne croit réellement en lui, et lui même est un ambitieux en proie au doute. C'est un alcoolique notoire (ce qui est avérés), dépressif, anxieux, au caractère profondément instable, plein d'idée hasardeuse et potentiellement dangereuse et irresponsable. Halifax est un snob carriériste et peu sympathique mais il apparait durant la majeure parti du film comme une voix raisonnable face a un homme qui de toute évidence ne sait pas vraiment ce qu'il fait malgré sa conviction sincère, et évidemment juste, que ne pas se battre contre l'Allemagne serait une catastrophe. Le film montre comment Churchill, écrivain et orateur de premier ordre, mais politicien carriériste et raté dont les échecs, qui furent parfois catastrophique pour le pays sont rappelé dans le film, devient le Churchill de la légende, la voix du peuple britannique durant la guerre, l’icône et le symbole de la résistance a Hitler. Et cette transformation elle passe bien sur par sa conviction personnel que cette guerre est inévitable et doit être mené, que la paix avec Hitler est une menace existentiel encore plus grave que les bombes sur la nation britannique, mais surtout par la confiance que lui accorde d'abord le roi symbole de la nation, et ensuite les britannique ordinaires eux même, et c'est là que cette scéne du métro tant critiquait au moment de la sortie entre en jeu. C'est après ces deux rencontres symboliques avec le souverain et le peuple que Churchill peut se hisser a la hauteur de la tache qui est la sienne, et écrire littéralement l'histoire avec ses propre mots. Car le parti pris le plus original, le plus prégnant de Darkest Hour c'est bien cette importance des mots, de la langue, et qui constitue peut être le principal apport et impact de Churchill durant la seconde guerre mondiale, sa parole, les discours sont littéralement mis en scéne, incarné a l'écran pas simplement par Gary Oldman mais bien par les choix formel de Joe Wright. C'est la langue qui fait Churchill et qui constitue son leg le plus essentiel aujourd'hui, comme le dit Halifax: "he mobilized the english language and sent it into battle". Est-ce que tout ça est parfait? non évidemment, est-ce que la scéne du métro est maladroite? sans doute, elle est forcé et bien trop rhétorique, mais elle est nécessaire et c'est un ilot dans ce film, et surtout elle traduit bel et bien un parti pris qu'on le veuille ou non, qu'on y adhère ou non. Comme dans son Orgueil et Préjugés, Joe Wright met en place une poétique éminemment personnel, on peut penser que sa vision romantique aussi bien du roman d'Austen que de l'histoire est contestable, elle l'est évidemment mais ses films ne mérite certainement pas d'être rejeté comme académique, parce qu'il sont toujours plus compliqué (le mythe du grand homme est ici clairement traité comme un mythe, et la discordance entre l'individu Churchill et sa légende est d’abord mise avant avant d'être résolu par un patriotisme qui passe avant tout par le pouvoir du verbe). |
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