Jane Austen de Margaret Kennedy

Margaret Kennedy est une romancière anglaise qui s’est aussi essayée à la critique littéraire. En 1950, elle participe à la collection « The English Novelist series » en rédigeant un essai sur l’œuvre de Jane Austen. Cet ouvrage relativement court (un peu plus de 100 pages) est peut-être l’un de plus subtils et captivants que j’ai pu lire sur le sujet. Écrit sans doute à la fin des années 40 pour ce qui devait être une commande d’éditeur, il brille par sa finesse d’analyse et l’élégance de son style. J’y ai retrouvé toutes les qualités d’écriture qui m’avaient fait tant aimer ses romans, The Constant Nymph (chroniqué ici) et The Feast (pas encore chroniqué).

Margaret Kennedy s’attache surtout à livrer quelques pensées toutes personnelles sur les 6 principaux romans de Jane Austen, puis à évoquer sa place au sein de la littérature anglaise et de la « comedy of manners ».
Pour moi,  l’étude de Margaret Kennedy n’a pas vieilli d’un pouce, bien au contraire même. Elle étonne par sa modernité. Margaret Kennedy fait preuve d’une sensibilité féministe. Ce qui fait l’intérêt de cet essai est  aussi sa subjectivité. La romancière semble tout à fait à l’aise lorsqu’il s’agit de donner son avis. Elle affirme par exemple que Mansfield Park est pour elle le chef d’œuvre de Jane Austen et rend hommage à Fanny de la plus belle des façons. Plus que ses qualités morales dont on a maintes et maintes fois parlé, l’auteur évoque la richesse émotionnelle de la jeune femme (qu’Edmund, selon elle, n’est pas à même d’honorer).  Si j’avais pu encadrer ce passage, je l’aurais fait !

L’essai est truffé de réflexions toutes plus (im)pertinentes les unes que les autres, lesquelles nous font voir sous un jour un peu différent les intrigues et les personnages de Jane Austen. Margaret Kennedy pose un regard perçant sur l’œuvre d’une romancière qu’elle admire profondément et qui l’a sans doute inspirée mais n’oublie jamais son sens critique.
Dans un chapitre  particulièrement passionnant, Margaret Kennedy analyse avec lucidité l’accueil critique de l’œuvre de Jane Austen à travers la fin du 19eme et du début du XXeme siècle. Elle y déplore notamment que la plupart des plus grands soutiens de Jane Austen aient été des hommes.
Et les critiques d’une certaine Miss Bronte sont remises en perspective de manière argumentée, même si cela n’empêche pas Margaret Kennedy de la tacler au passage ^^

J’ai adoré cet ouvrage que je conseille à tous les passionnés de Jane Austen. Intelligent et plein d’esprit, il se classe très certainement pour moi parmi les meilleurs essais d’analyse littéraire que j’ai pu lire. Bien évidemment, il est épuisé depuis des décennies mais se trouve tout de même relativement facilement d’occasion.

Ton avis me donne tellement envie que je l'ai commandé dans la foulée ! Hâte de le découvrir à mon tour (sur AbeBooks, il était hors de prix sur Amazon et Momox), il a l'air passionnant

Tu as bien fait, il me tarde d’avoir ton avis !

Abebooks est une source inépuisable de trésors, surtout pour les livres anglais épuisés.

Il y a un autre essai (ou biographie) sur Jane Austen de romancière anglaise que j’aimerais beaucoup lire : celle d’Elizabeth Jenkins dont j’ai entendu beaucoup de bien et qu’apparemment Persephone Books aimerait rééditer.

Je le note, je le note.

Il me reste encore pas mal de choses dans ma PAL Jane Austen.

En plus, il faut le trouver.

Hâte de lire ce qu'elle écrit sur Mansfield Park.