T.H.White, The Once and Future King

Terence Hanbury White est un écrivain anglais (né à Bombay en 1906 et décédé en 1964). Tout d’abord enseignant avant de devenir auteur, il passa une majeure partie de sa vie isolé en Irlande à pêcher. Objecteur de conscience durant la seconde guerre mondiale, White a été décrit comme quelqu’un ayant peur de beaucoup de choses dont ses semblables et ses « propres vices » d’après sa biographe Sylvia Townsend ( à savoir « la boisson, les jeunes garçons et un sadisme latent »). Très inspiré par « la morte d’Arthur » de Malory il se penche très tôt sur les légendes arthuriennes.



Son œuvre majeure est sans doute son cycle « La Quête du roi Arthur » (en anglais « The once and future King ») qui comprend 5 tomes (dont seuls 3 ont été édités en poche en français) :

Excalibur, L'Épée dans la pierre, (The Sword in the Stone)
La Sorcière de la forêt, (The Witch of the Wood)
Le Chevalier mal adoubé, (The Ill-made Knight)
La Chandelle dans le vent, (The Candle in the Wind)
Le Livre de Merlin, (The Book of Merlyn)


Considérés outre-manche comme des classiques de la littérature anglaise, seul le premier tome est connu chez nous pour être le livre dont est adapté le dessin animé de Disney « Merlin l’enchanteur » (Disney s’en est inspiré pour son scénario il est vrai, mais la substance même du livre est absente de cette adaptation assez libre). Il est aussi cité par J.K.Rowling ou encore Neil Gaiman comme source d’inspiration.

Le premier tome « Excalibur, l’épée dans la pierre » se déroule dans l’Angleterre médiévale. L’histoire retrace la jeunesse d’Arthur et son éducation par Merlin, magicien qui vit sa vie à rebours. Grâce à différentes métamorphoses, Arthur va être initié à la nature et à ses lois.

Autant vous le dire de suite, je n’ai été que moyennement séduite par ce livre dont pourtant j’ai lu des critiques dithyrambiques. Oscillant entre parodie, poésie et sérieux, il m’a été difficile de totalement m’immerger dans ce roman. (J’ai lu que White avait sérieusement modifié son histoire au cours de la seconde guerre, des critiques trouvant la seconde version moins bonne que la première. Ma réticence et mon impression de manque de linéarité dans l’écriture vient peut-être de là). Bien que j’ai souri à certains gags très « visuels », apprécié le personnage de Merlin et ses anachronismes, j’ai très peu aimé d’autres choses. Il faut savoir que la légende Arthurienne est réduite ici à sa plus simple expression : Arthur, Merlin et Excallibur. M’attendant à plus d’ancrage avec la légende, ma surprise a été grande de voir Arthur partir à l’aventure avec Robin des Bois par exemple . Ce livre abordé de la bonne manière doit être très plaisant mais il n’en a rien été pour moi, ayant terminé ce tome uniquement en le lisant en diagonal vers la fin.

Je crois que Miss Chocolat le lit également. J’aimerais avoir ton impression.

En tout cas, Magneto a l’air d’apprécier .

Pour tout dire, pour l'instant, je ne l'ai pas terminé. J'ai beaucoup de mal à rentrer dans l'histoire, j'ai l'impression de voir le dessin animé à chaque page. Et vu que c'est pas mon préféré, j'ai dû mal. Je vais persévérer, on verra bien

Comme vous, j'ai été très surprise par cette adaptation de la légende d'Arthur. Comme Resmiranda, je trouve que la légende a été simplifiée au maximum: Arthur est un orphelin, recueilli par Messire Auctor et devenant le page de Keu (???) et je crois que je n'ai pas réussi à accrocher aux nombreux anachronismes ponctuant le texte: Merlin portant un haut-de-forme, parlant de choses qui n'existent pas, l'apogée anachronique ayant été atteinte avec la présence de la bande à Robin des Bois! J'avoue que lorsque mes yeux se sont posés sur Robin, je me suis frottée les yeux, invoquant un possible appel de Morphée (je le lisais le soir...) qui me faisait lire des choses qui n'existaient pas! Mais non: Arthur et Keu partent bel et bien à l'aventure avec l'homme aux collants verts! Du coup, comme le Disney ne cessait de se superposer à ma lecture, j'imaginais La Verrue en pleine discussion avec un renard vêtu de vert! Ah, Disney quand tu nous tiens...

La structure du texte me semble également très répétitive: à chaque chapitre pratiquement, une métamorphose pour apprendre le sens de la vie: La Verrue en poisson, la Verrue en oiseau, en blaireau...mis à part la rencontre avec Merlin et la quête en compagnie de Robin, j'ai trouvé que le roman tournait un peu en rond et qu'on revenait sans cesse à une métamorphose d'Arthur. 

Au final, j'ai été quelque peu déçue car je m'attendais à un roman beaucoup plus complexe, certes destiné à la jeunesse mais tout de même! En voyant les critiques anglo-saxonnes, je m'attendais vraiment à un petit bijou de la littérature jeunesse et j'attendais beaucoup du personnage de Merlin qui m'apparaît ici peu exploité alors qu'il y avait un potentiel certain avec notre magicien favori.

Je vois que nos avis se rejoignent Seirên. Je me demande malgré tout ce que donnent les autres tomes. S'ils sont dans la même lignée ou pas

Bon, j'ai terminé le livre et je suis pas du tout conquise. J'ai trouvé l'histoire trop simple, pas assez détaillé. Je suis complètement d'accord avec vos avis les filles. Dommage que l'auteur n'est pas un peu plus poussé sur la légende, peut-être l'a-t-il fait dans la suite de la saga. En tout cas, pas du tout convaincu et je ne pense pas lire la suite. Dommage.

Contrairement aux avis que je lis ici, j'ai moi été totalement séduite par le premier tome de cette saga

On y découvre un jeune Arthur attachant : courageux, au grand cœur, un brin rêveur et qui a encore tellement à apprendre de la vie. Et pour cela, Merlin est le compagnon idéal, l’entraînant dans des "leçons" plus vraies que nature qui se transforment en véritables aventures et dont Arthur tire toujours une part de sagesse à emporter avec lui. Et tout cela se déroule dans un monde médiéval magique qui fait tout autant rêver qu'il fait rire : plein de fantaisie, de chevaliers héroïques et parfois comiques, de personnages naïfs, d'une nature à la fois sauvage, majestueuse, dangereuse et étrangement plaisante... Tout cela me rappelait beaucoup l'univers de A Connecticut Yankee At King Arthur's Court de Mark Twain, qui présente des hommes aux âmes d'enfants, comme si l'humanité en était encore à une des premières phases de son développement, mais sans moquerie gratuite et toujours avec un ton doux et presque attendri.

Et comme dans le livre de Mark Twain, l'humour est ici aussi bien au rendez-vous. Je me suis terriblement amusée à la lecture Et ce que j'ai également adoré, c'est qu'en dépit du ton résolument humoristique du narrateur, cela n'empêche pas des passages d'une beauté captivante, comme par exemple dans la description suivante d'un chevalier qui semble émerger de nulle part, surpris par Arthur en pleine nuit dans un bois :

Citation :

There was a clearing in the forest, a wide sward of moonlit grass, and the white rays shone full upon the tree trunks on the opposite side. These trees were beeches, whose trunks are always more beautiful in a pearly light, and among the beeches there was the smallest movement and a silvery clink. Before the clink there were just the beeches, but immediately afterwards there was a knight in full armour, standing still and silent and unearthly, among the majestic trunks. He was mounted on an enormous white horse that stood as rapt as its master, and he carried in his right hand, with its butt resting in the stirrup, a high, smooth jousting lance, which stood up among the tree stumps, higher and higher, till it was outlined against the velvet sky. All was moonlit, all silver, too beautiful to describe.

Et ce passage montre bien l'atmosphère générale dans laquelle se déroule l'histoire : on est véritablement dans l'univers enchanteur des légendes arthuriennes

Et si le ton ainsi que le point de vue original empruntés par l'auteur peuvent être surprenants, je trouve pour ma part qu'il reste incroyablement fidèle à son texte source, qui semble être Le Morte d'Arthur de Malory (comme l'explique resmiranda ). Les événements suivent à la lettre ceux décrits par Malory, mais bien sûr avec toutes sortes de détails savoureux ajoutés ici et là, plus de couleurs, un ton (comme je l'ai dit) bien particulier et plein d'humour, qui n'hésite pas à mettre en avant les aspects burlesques de ce monde, mais toujours avec cette bienveillance envers les personnages et leurs facéties.

Pour résumer, j'ai trouvé ce livre inattendu, drôle, intelligent et généralement très agréable à lire. Je continue avec la suite !

@LilyBart
Ton avis enthousiaste me donne envie de découvrir cette saga de TH White
J'attends d'avoir ton avis sur la suite, en espérant qu'elle soit à la hauteur du 1er, pour me lancer

J'ai terminé le second tome, The Witch in the Wood, que j'ai tout autant adoré que le premier

L'action se déroule immédiatement après qu'Arthur soit couronné roi. Il est directement plongé dans de nombreux combats pour se faire accepter comme hériter légitime. Pendant ce temps, la reine Morgause, épouse du roi Lot qui est en pleine guerre contre Arthur, rumine sa vengeance envers le nouveau roi, pour des raisons toutes personnelles : le père de celui-ci, Uther Pendragon, a forcé Ingraine, la mère de Morgause, à l'épouser. Ses quatre fils, qui adulent leur mère, se racontent ces histoires du passé et ne jurent que de servir leur mère adorée. A travers leurs échanges et les tentatives qu'ils font pour attirer les grâces de Morgause, et à travers les déboires d'Arthur face à la charge qui lui incombe, T. H. White explore les conséquences de l'ignorance et la perte de l'innocence.

Comme ce résumé l'indique, ce deuxième tome est plus sombre et moins léger que le premier. Le jeune Arthur, qui ouvrait jusque là de grands yeux curieux face à la vie qui s'étalait devant lui, perd doucement ses illusions et découvre le poids de la couronne. Entre son désir de perpétuer les traditions guerrières et de se faire respecter par la force, et les discours pacifistes de Merlin, c'est toute une exploration du sens ou de l'absurdité de la guerre qui est présentée. Et la question est épineuse, et loin de pouvoir être résolue facilement... Car même quand il aspire à changer l'état des choses, il ne peut que réaliser qu'en imposant la paix, il utilise une forme de coercition.

On sent une réelle transition, du passage de l'enfance au monde complexe des adultes. Les quatre fils de Morgause sont ici des personnages centraux, qui illustrent cette perte de l'innocence, tels des reflets du jeune Arthur face à ses nouvelles responsabilités.

Les toutes premières pages sont très belles : les quatre frères se racontent l'histoire passée de leur famille, en particulier l'affront qui a été perpétué envers leur grand-mère par Uther Pendragon. Leurs paroles, visiblement retenues par cœur et qui ont sans doute été répétées des dizaines de fois, font écho à la tradition orale qui a vu naître les légendes arthuriennes. J'ai trouvé cela une belle façon de rendre hommage aux sources primaires de ce texte

La fin révèle un nouveau drame pour Arthur, mais si on est un peu familier avec l'histoire, on n'en est pas surpris.

Spoiler:

Cette révélation est présentée comme un twist, qui est censé faire culminer la fin en apothéose, alors que cette réalité n'est pas cachée un seul moment dans le texte de Malory.

@LilyBart
Tu me donnes de plus en plus envie de découvrir cette saga

J'ai continué cette série, qui reste excellente à mes yeux. Le troisième tome, The Ill-Made Knight, concerne principalement Lancelot, son amour avec Guenevere et son amitié avec Arthur. Le ton est de plus en plus éloigné de la légèreté et de l'humour du premier livre. Mais qu'est-ce que c'est fort, profond, renversant Je ne veux pas trop en dévoiler, pour ceux qui auraient envie de découvrir ces livres, mais la vision de T. H. White sur ces récits si connus est décidément originale et intelligente.

Je viens de fermer la dernière page du quatrième tome, The Candle in the Wind, et je suis toute retournée. Il est presque impossible d'en parler sans dévoiler des choses importantes qui gâcheraient le plaisir de la découverte pour ceux qui ne l'ont pas encore lu. Mais je ne résiste pas à l'envie de parler d'un point en particulier, que je mets en spoiler. J'espère qu'un jour quelqu'un d'autre l'aura lu et réagira à mon avis pour qu'on puisse échanger là-dessus

Spoiler: